Randonnée de Kalaw au lac Inle, 5 – 7 janvier 2017


Le trek emblématique de Birmanie, une magnifique immersion dans la campagne et les villages birmans.

 

Nous arrivons en milieu d’après-midi dans la petite ville de Kalaw. Nous avons déjà réservé un hôtel, très bien placé pour le départ du trek, le Railroad motel.

Sur le chemin, nous aidons deux français à trouver leur hôtel. Ils aimeraient bien faire un trek en indépendant, mais ont peur de ne pas trouver de logement sur la route, et de susciter l’hostilité en ne respectant pas les règles. Nous sommes de notre côté décidés à aller jusqu’au lac Inle seuls, que d’ailleurs rien n’interdit. Benjamin plaisante en leur donnant rendez-vous dans les geôles birmanes, ce qui les fait moyennement rire.

Nous tombons ensuite sur Loïc et Salomé, les deux psys en Asie croisés à Mandalay pour le nouvel an. Ils ont fait le circuit en sens inverse et son arrivés hier dans la nuit au… Railroad motel. Ils ont rendez-vous avec leur guide pour discuter des détails de leur trek.

Nous prenons possession de notre spacieuse chambre triple.

Il est difficile de se loger bon marché en Birmanie, mais il faut reconnaître que même l’hôtellerie d’entrée de gamme (~25 $ en haute saison) est de très bonne qualité, et le personnel dévoué. 

 

Nous avons faim et allons manger dans un petit restaurant improbable au bord de la route. Après une copieuse pizza et de délicieuses pâtes à la feta, nous faisons quelques emplettes pour notre trek : un briquet, des noix de cajou, des nouilles chinoises, et des biscuits au chocolat qui nous inspirent.

Nous nous rendons compte qu’il ne nous reste plus que 60 000 kyats (~40 euros). Benjamin court au distributeur mais il ne permet de retirer que 2000 kyats avec une commission de… 5000 kyats. Il faut croire que nous aimons bien partir à l’aventure avec peu de liquide. En théorie, nous n’aurons rien à dépenser jusqu’au lac Inle.

 


Jour 1 : de Kalaw à Kyauk Su

Ayant passé la soirée à éplucher les compte-rendus du trek sur différents blogs, nous avons tracé un grossier itinéraire sur notre smartphone. Il n’a pas l’air très compliqué, et passe par des villages cartographiés.

Après le copieux petit-déjeuner, nous prenons du retard puisque Benjamin a oublié de faire de la place sur les cartes mémoires. Nous espérons bien rapporter quelques clichés savoureux de ce trek.

Sur le perron, Loïc et Salomé attendent leur guide et nous plaignent avec nos gros sacs. Ils font porter les leurs jusqu’à Nyaung Shwe. Nous fanfaronnons, « on a l’habitude, on a fait plus de 150 km avec« .

Un chantier à Kalaw

 

En fait ce sera dur. Nous n’avons plus l’habitude de porter tous notre équipement, notre dernier trek date de plus d’un mois. L’itinéraire en revanche est très simple. Nous suivons d’abord une petite route de campagne qui passe à côté d’un monastère.

 

Puis nous montons le long d’une colline. La vue sur les environs est imprenable mais nous sommes à la peine avec nos chargements. Plusieurs groupes de touristes guidés nous dépassent.

 

Le trek redescend ensuite sur un petit village, notre première rencontre avec des birmans des campagnes.

 

Voyant le groupe de touriste prendre le chemin de droite, nous prenons celui de gauche. Sur la carte ils se rejoignent, mais notre choix est beaucoup plus ardu puisqu’il grimpe à flanc d’une colline au lieu de la contourner. Que ne faut-il faire pour éviter les autres !! Nous rencontrons beaucoup d’enfants jouant avec leur lance-pierre, et de paysans travaillant aux champs. Les hommes labourent avec un matériel agricole d’un autre âge, les charrues sont tirées par des bœufs. Les femmes trient les piments.

 

Alors que nous avons définitivement perdu la trace, un guide parfaitement anglophone nous indique le chemin pour rejoindre le village de Kyauk Su où nous voulons faire étape. C’est facile, c’est tout droit sur un sentier qui suit une crête.

 

Malgré cette explication claire, nous trouvons le moyen de nous tromper. En rebroussant chemin, nous tombons nez-à-nez avec Loïc, Salomé et leur guide qui empruntent un itinéraire alternatif passant par le village Lemind. Nous leur disons à bientôt et continuons notre chemin. La vue est magnifique jusqu’à l’approche du village.

 

Vers 18h, nous entrons dans le village de Kyauk Su. Des jeunes hommes jouent au Bont, une sorte de volley-ball inversé où toutes les parties du corps, sauf les mains, sont permises pour renvoyer la balle en bambou dans le camp adverse.

 

Un guide nous indique l’unique épicerie, où nous achetons de l’eau en bouteille et où nous demandons s’il est possible de manger. On nous annonce un prix démentiel : 20000 kyats, réduit à 15000 devant nos têtes interloquées. C’est plus qu’au restaurant !  Manifestement, ce prix correspond à la tête du client sans guide.

Crépuscule sur notre bivouac

 

Nous plantons rapidement la tente sur un champ de piment rouge juste à la sortie du village. Nous ne désespérons pas de faire un vrai repas aujourd’hui, et Benjamin retourne, affamé, au village. Il repère un groupe de touristes et demande à leur guide s’il est possible de les rejoindre pour le dîner. Le cuisinier accompagnant le groupe est au fourneau et ça a l’air délicieux. 6000 kyats pour deux, voilà qui est plus honnête.

À 18h15, nous sommes installés dans une maison voisine et les plats déployés devant nous : aubergines grillées, ladyfingers, salade de tofu, beignets de poisson, riz à volonté. C’est gargantuesque, Benjamin fait des réserves pour les jours suivants et parvient presque à finir tous les plats (pas le tofu quand même).

 

Nous essayons de communiquer avec la famille chez qui nous mangeons et qui nous offre le thé, mais la barrière de la langue est trop grande.

Nous nous couchons à 19h30 avec les poules. La région est très humide, et la condensation dans la tente déjà très importante. Malgré tout, Charlotte insiste pour fermer l’abside, « par sécurité ».

 


Jour 2 : de Kyauk Su à Part Tu

La nuit est étouffante, et à notre réveil à 6h, il pleut dans la tente. La condensation ruisselle sur les parois et mouille tout. Nous prenons un bon quart d’heure pour tout éponger en sauvegardant au maximum le duvet.

Nous tentons ensuite d’allumer un feu pour le café, ça part bien avec le petit bois ramassé le jour précédent par Charlotte, mais l’ajout de bois humide de la rosée du matin étouffe totalement notre tentative. Erreur de débutant, sous le regard amusée d’une femme birmane levée de bonne heure pour travailler au champ.

Réveil sur notre bivouac

 

Après le café tiède, nous empaquetons et nous mettons enfin en route bien après les autres groupes que nous voyons défiler sur la route depuis 8h du matin. La descente depuis Kyauk Su se fait dans la brume matinale.

 

Une longue section plate lui succède pour rejoindre le gros village de Nantaing, traversé par une route goudronnée. Nous nous arrêtons à une petite épicerie où la patronne nous offre le thé et de l’eau chaude pour gonfler notre semoule en guise de petit-déjeuner tardif.

 

Devant nous les mobylettes défilent pour acheter leurs petits flacons d’essence. La trace quitte la route juste à la sortie du village et s’enfoncent au milieu des champs.

 

Nous nous perdons un peu avant de retrouver un grand groupe dont font parti les deux australiens rencontrés sur la pagode secrète à Bagan. Nous avons droit au respect de tous pour notre entreprise de trek en indépendant. Ils sont apparemment très surpris que nous arrivions à nous nourrir.

 

Nous laissons le groupe se baigner dans une rivière et continuons sans tarder vers Part Tu. Les jambes sont fatiguées et les pieds font mal lorsque nous atteignons la première échoppe. Son propriétaire nous explique que le monastère du village n’accueille pas les étrangers car il est dédié à la méditation. Nous lui expliquons souhaiter juste planter notre tente. Il nous juge « pas dangereux » (sic)  et nous propose de dormir au village pour 2500 kyats par personne. Nous déclinons poliment, Benjamin se trimballe la tente, il faut la rentabiliser.

Jarres d’eau potable à disposition des marcheurs

 

Après un Coca-Cola hors de prix (1000 kyats), nous continuons notre route et trouvons à quelques minutes du village un très bel emplacement à l’abri des regards. Nous plantons rapidement la tente pour faire sécher le matériel encore humide de la veille aux derniers rayons de soleil. Benjamin retourne ensuite au village nous offrir une bière. Morts de faim, nous réussissons aujourd’hui à allumer et entretenir un feu diablement efficace pour préparer trois paquets de nouilles chinoises. Nous nous couchons heureux.

 


Jour 3 : de Part Tu à Nyaung Schwe

Levé à 6h30, la matinée est glaciale et nous avons encore beaucoup de condensation ce matin. Nous parvenons à décoller à 8h30, après un café brûlant allumé par Charlotte le dragon. Nous marchons deux bonnes heures dans la brume jusqu’au péage pour étranger.

 

Benjamin n’est pas très chaud pour payer (12 $/pers.) car ce genre de ticket n’est souvent qu’une taxe qui ne donne accès à rien, mais Charlotte insiste. Nous voici presque à sec avant la descente sur le lac où il nous faudra trouver un bateau pour Nyaung Schwe.

À partir du péage, la randonnée perd de son enchantement et devient une autoroute de trekkeurs. Nous nous retrouvons plusieurs fois en sandwich entre des groupes de plus de 10 personnes. Nous faisons quand même quelques rencontres intéressantes et découvrons que le lance-pierre n’est pas qu’un jouet.

 

Nous marchons rapidement et dépassons le dernier village arrêt obligatoire de tous les treks organisés. Le chemin descend progressivement vers le lac et atteint Tone Le, un petit embarcadère sur la rive ouest.

 

Le trajet en pirogue jusqu’à la pointe nord du lac coûte 15000 kyats, nous obtenons une ristourne de 1000 car il ne nous reste plus que 14000 kyats dans le portefeuille. Malgré le bruit assommant des diesels à échappement libre, on ne peut que tomber sous la charme de cette arrivée grandiose.

 

Nous débarquons à Nyang Shwe et partons à la recherche d’un hôtel.

 

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