27 février : sous la neige de Cappadoce
Nous sommes réveillés à six heures par le départ d’un groupe de chinois abrutis. Au petit-déjeuner, nous parvenons à obtenir double ration de gözleme au fromage, nous remplissant la panse pour la journée. Nous profitons de notre palace jusqu’à 13h, payons et quittons cet hôtel finalement peu sympathique. Nous nous rappelons de toujours faire le repérage nous-même à l’avenir.
En plein centre-ville, nous retrouvons Julius ! Ce chien a du flair. Il s’est fait un copain encore plus crétin que lui. Nous voici donc flanqués de deux chiens.
La terrasse du château étant fermée, nous n’y montons pas et nous nous dirigeons vers la belle vallée aperçue la veille avec Saled. Benjamin nous a concocté une petite randonnée vers Mustafapaşa, ville où Julian nous avait emmené déjeuner. Il commence à neiger, nous nous équipons donc complètement.
Benjamin quitte la piste et improvise le parcours, le paysage se recouvre de molleton petit à petit. Après quelques audaces topographiques, nous récupérons une piste balisée conduisant au pied du mur de pigeonniers. On peut explorer la plupart des habitations troglodytes.
Nous remontons ensuite la falaise abrupte pour atteindre Mustafapaşa. La neige tombe sans discontinuer depuis 3 heures, nous descendons sur le village capitonné de blanc.
Nous entrons dans un café avec beaucoup de turcs et commandons deux thés. Un homme au regard malicieux et une barbe fournie nous interpelle en nous invitant à nous asseoir à la table voisine.
Il s’appelle Ahmet, et parle quelques mots d’anglais et de français. Nous comprenons qu’il a été directeur d’école, que sa fille est institutrice partie à Pamukkale suite à la fermeture de son école à Mustafapaşa. Elle a épousé un policier. Ahmet a aussi un fils qui répare des ordinateurs. Benjamin réussit à arracher une photo avant qu’il ne parte.
Alors que nous nous apprêtons nous aussi à quitter les lieux, Ahmet revient s’assoir à notre table et nous propose de nous héberger dans une maison grecque traditionnelle juste à côté de la sienne. Il n’y a pas de chauffage ni d’électricité, mais évidemment nous acceptons. Il en est très heureux et se lance dans un long monologue mélancolique, très triste de l’évolution du rapport de son pays aux européens sous l’effet du tourisme de masse et de l’islamisme rampant. Les touristes restent cantonnés à des parcours bien standardisés et n’ont plus l’occasion de se mêler à la population dont ils se méfient. Ahmet se dit musulman non-pratiquant, nostalgique de la période Atatürk, aujourd’hui définitivement révolue. Il se lève, dis un mot au patron pour régler notre note, et nous prenons ensuite place dans sa superbe R25 break.
Nous montons la pente en première jusqu’à sa maison. Elle est accrochée à flanc de falaise avec une vue imprenable sur le village. Il y a un pigeonnier et plein de pièces avec du bric-à-brac.
Dans l’une d’elle, du tabac acheté en gros au bazar de Ürgüp repose sur un tapis. Notre hôte roule deux cigarettes et Benjamin fume sa première cigarette (de tabac). Dans une autre pièce, il nous montre deux machines à coudre Singer chinées au bazar, qui a lieu tous les vendredis, soit dans deux jours. Peut être aurons nous l’occasion d’y aller si la neige nous bloque ici ?
Il nous donne un plat rempli de pommes, une seconde miche de pain, et repart. Nous ne comprenons pas si sa femme est ici ou pas. Le soleil se couche et Ahmet ne revenant pas, nous allons faire nos ablutions. Il y a déjà 5 cm de neige, et ça ne s’arrête pas. Benjamin salue le fils et la femme d’Ahmet aperçus par la fenêtre mais ils ne semblent pas tellement intéressés par notre présence… nous concluons qu’il n’y aura pas de repas ce soir…
28 février : sous le blizzard de Cappadoce
Nous émergeons à 9h, le dos endolori. La neige tombe toujours.
Nous décidons de partir plus au sud. Après s’être lavé les dents, Benjamin aperçoit Ahmet pied nu dans la neige sur le pas de sa porte. Il roule ses cigarettes et explique que sa femme et son fils ne sont pas contents car il refuse d’aller à la mosquée. Mais Dieu est dans sa tête, cela suffit.
Nous plions bagages et nous apprêtons à affronter le blizzard anatolien quand Ahmet nous rejoint avec une soupe de lentille, le tarhana. Il nous parle de sa famille, partagée entre la Grèce et la Turquie. Son grand-père était marié à une grecque. Elle est partie avec les enfants lors de la Grande Catastrophe, et son grand-père s’est remarié avec une turque.
Nous sentons qu’il aimerait bien que nous restions quelques jours. Ce serait d’ailleurs pas de refus sous une météo plus clémente. Il nous offre un verre à Raki, nous donne son adresse postale, avant de nous indiquer la direction de Ayvali.
La route est praticable, et après une quinzaine de minutes de marche, une camionnette nous dépose dans le centre du village. Nous entrons dans le café où nous retrouvons une scénographie désormais familière : des vieux devant des tasses de thé, perdus dans leurs pensées, et des moins vieux éperdus dans leurs jeux de dé. Un homme vient rapidement à notre rencontre et nous invite dans un français parfait à passer discuter dans la boutique voisine.
Hassen a grandi et étudié à Paris, a divorcé avant de refaire sa vie ici. Il a toujours de la famille à Lille. Il nous déconseille d’aller à Mazi, personne ne se hasarde sur la route qui monte par temps de neige. Un homme curieux de nous se propose de nous y emmener, il y cultive des pommes de terre et connaît des gens pour nous héberger. Nous préférons rejoindre la route de Nigde. C’est l’homme curieux qui nous prend en stop dans son Toyota Hilux, et fort gentiment, fait un détour pour nous déposer à la jonction pour Kaymakli. Beaucoup de camions progressent difficilement dans l’autre sens, la neige a surpris tout le monde.
Le vent souffle fort sur la route, mais nous n’attendons même pas cinq minutes pour être pris par un groupe de jeunes dans une vieille fiat tunée. Nous comprenons que la bande va acheter une autre voiture. Ils nous déposent à Kaymakli où nous dévorons des kebaps sentant très fort l’agneau. Dur pour la charlotte.
Le portique de sécurité pour la cité souterraine montre le soin que les turcs apportent au développement de leur offre touristique : portillon de sécurité, tourniquets… impossible de faire garder nos sacs, nous ramperons donc dans les galeries avec. Heureusement il y a très peu de monde, limitant l’effet claustrophobique.
On descend d’abord cinq niveaux (jusqu’à vingt mètres de profondeur), à la remorque d’un guide approximatif. Les salles se succèdent : église, sépultures, selliers, cuisines, habitations. De massives meules de pierre de plus de 1m de diamètre permettaient d’obstruer le passage de chaque étage.
Puis on remonte à l’air libre en suivant les flèches bleues. Une visite assez amusante et originale, mais nous ne ressentons pas le besoin d’aller visiter d’autres cités enfouies (il y en aurait plus de 1000 au total dans la région).
Nous trouvons facilement un autre conducteur qui nous dépose à Derinkuyu, puis un routier nous lâche à une intersection difficile à 20 km de Nigde.
C’est le prochain conducteur qui décidera de notre destination finale aujourd’hui : Nigde ou Adana. Nigde ce sera.
Nous posons nos sacs à l’hôtel Sahiner, pour un repos bien au chaud. Le soir, nous dinons de délicieuses pides chez Damak Lahlacum. Nous sommes aidés par un turc anglophone pour comprendre les différentes déclinaisons de ces pizzas à la turque.
Benjamin a reçu une réponse rassurante du camping d’Ala Daglar et une réponse positive pour un couchsurfing à Gaziantep, notre programme des prochains jours se dessine.
1er mars : le massif de l’Anti-Taurus
Nous faisons le plein au petit-déjeuner, frites/saucisses.
Nous sortons de la ville et sommes rapidement pris en stop par deux types dans une camionnette puis Ahmed qui nous dépose au monastère de Gümüşler. Les fresques de sa chapelle sont admirablement conservées.
Le pourtour du monastère est creusé de centaines de cavités.
Un petit couple, Emra et Aïcha nous prend ensuite sur la route pour Çukurbağ, mais à l’intersection pour Özyurt, hésitent. Ils ne veulent pas nous laisser là, et semblent très embêtés. Nous ne comprenons pas si nous sommes sur la mauvaise route, il semble que non puisqu’une camionnette et un 4×4 nous passe sous le nez.
Ils nous laissent finalement, puis font demi-tour, nous font remonter dans leur voiture, nous donnent des pommes, puis redescendre. Ils s’engagent ensuite dans la montée comme pour la tester, puis reviennent et coupent le moteur. Ils sont vraiment inquiets pour nous. Benjamin leur écrit de ne pas s’inquiéter et finalement ils rebroussent chemin.
Nous comprenons rapidement leur anxiété : toutes les voitures tournent vers le nord, personne ne coupe à travers la montagne. Au bout de vingt minutes à attendre sous la brise glaciale, nous nous reroutons dans la voiture de Zaccaria et Nadya qui nous déposent à Değirmenli. C’est la sortie des écoliers pour la pause déjeuner.
Un dénommé Mehmet nous ramène sur la route principale puis Hassan un routier nous conduit jusqu’à Çukurbağ. Nous ne nous souvenons pas d’un pays où le stop ait aussi bien fonctionné !
Alors que nous grimpons vers les hauteurs du village, une mamie nous invite à boire le thé. Au même moment, une jeune fille court après une perruche qui lui échappe. Crise d’hystérie devant son incapacité à rattraper l’oiseau, la grand-mère qui s’en fiche et nous au milieu de tout cela. Heureux dénouement, le volatile, attiré par le congénère des voisins est finalement attrapé.
Nous avons droit à thé à volonté, ainsi que des petits pains rissolés. Nous tentons de faire découvrir les galettes St. Michel, qui ne rencontrent pas un grand succès. Benjamin prend une photo que nous promettons d’envoyer à la vieille dame. La famille cultive des pommes à perte de vue, nous repartons avec un sachet de 1 kilo.
Le camping de Aga Daglar est en fait situé dans le village voisin de Marti.
Devant l’entrée, trois molosses avec des colliers à piques nous menacent. Un homme vient à notre rescousse en leur jetant des pierres. Nous poussons le portail, l’endroit est charmant, façon chalets suisses.
Recep, le guide et propriétaire des lieux est absent. Nous laissons nos sacs sur un banc pour aller faire une ballade dans les environs. Les deux chiens de la maison nous accompagnent. Le golden-retriever est très joueur et affectueux, nous sautant régulièrement dessus. Il lape entièrement le visage de Charlotte, et ruine nos doudounes. Nous suivons la route de gravier jusqu’à l’embranchement pour Emli Yurdu, avant de rebrousser chemin en traçant tout droit.
Recep nous accueille dans sa propriété. C’est un féru d’escalade, et un pionnier des sports de montagne dans la région, qu’il a contribué à populariser en écrivant le seul guide en anglais, disponible Au Vieux Campeur !
La nuit s’annonçant glaciale, nous prenons un bungalow. Dans la cuisine, nous rencontrons un groupe de cinq suisses venus randonner à ski dans le parc. Ils sont expérimentés et ont déjà exploré trois sommets en une semaine. Pourquoi venir en Turquie ? Pour changer des Alpes, qu’ils connaissent par cœur. Ils ont apporté tout leur matériel.
Recep ayant pitié de nous a la vue de nos vermicelles cuisson 5 minutes, nous donne un paquet de Fusilli. Nous dinons en compagnie des helvètes dans la grande salle à manger. Un des couples a voyagé un an et demi à bicyclette en Afrique et en Amérique latine. Nous profitons de la douche solaire brûlante avant de nous coucher.
2 mars : Incursion dans Emli Vadesi
Nuit au chaud au coin du poêle, et lever tranquille vers 8h15. Nous petit-déjeunons légèrement, à base de pommes et biscuits sablés écrasés. Il a gelé dans la cuisine, les mugs collent à l’égouttoir en inox…
Nous décidons de marcher en direction du village Elekgölü, en longeant le canyon de Kazikli. Sur la route, un minibus nous prend en stop et s’enfonce dans la vallée d’Emli, au grand dam de Charlotte : ce n’était pas du tout au programme. Le bus s’arrête un peu avant San Mehmedir et le groupe descend. C’est une excursion de marche en raquette. Il y a moitié de turcs, et moitié d’expatriés européens. Nous demandons au guide si nous pouvons nous joindre à eux, et cela ne pose pas de problème. Il prévoit un retour vers 16 heures. Charlotte fait la gueule, mais maintenant que nous sommes là, elle n’a pas vraiment le choix. Nous laissons un sac sous l’abri des toilettes et suivons la trace du groupe.
C’est assez facile de passer en chaussures sur la neige tassée par toutes les raquettes. Nous nous enfonçons dans la vallée pendant deux heures et demi. Sur le chemin sont disposés de curieux pièges destinés à réguler une espèce d’oiseaux responsable de la dissémination d’un lichen toxique pour les sapins. Cet oiseau n’a plus de prédateur, causant un déséquilibre menant à la disparition pure et simple de la forêt, une des deux dernières du parc national.
À la pause déjeuner vers 14h30, il n’est pas prévu que nous atteignons un point de vue et nous décidons donc de faire demi-tour. Une femme nous donne des adresses où manger à Gaziantep. Sur le retour, nous croisons le photographe à l’affût des oiseaux, resté en arrière en silence. De notre côté, nous n’avons pas vu un seul chamois.
Deux amoureux de la montagne campent au camp de base. À 15h30 il fait déjà beaucoup moins chaud, nous n’osons imaginer la nuit glaciale.
En sortant de la vallée, un groupe de touristes turcs invite Benjamin à se joindre à leur barbecue, qui est très difficile à démarrer. Ils font griller la viande épicée spécialité de Kayseri, cela ressemble à de la merguez écrasée et ça passe même pour Charlotte.
La famille vient de Mersin, première ville sur la côte de méditerranée. Ils logent dans un bungalow au camping de Recep ! Nous leur offrons des pommes pour le dessert, puis sommes contraints de partir avant que le café turc ne soit assez chaud pour être servi.
Car Benjamin veut absolument finir le programme prévu, marcher vers Elekgölü Koyu, situé à 8 km.
Deux heures et demi de marche, juste le temps que le soleil se couche, mais c’en est trop pour Charlotte et une violente dispute éclate sur la légitimité de Benjamin à improviser de la sorte.
Le panorama est époustouflant, nous ne nous souvenons pas de tel paysages ailleurs qu’en Mongolie. À ceci près que la route vers Adana n’est qu’à une dizaine de kilomètres.
Vers 18h, le village est en vue. Pas loin de la mosquée, un homme nous fait signe d’entrer chez lui. Nous nous déchaussons et sommes immédiatement pris en charge : installés dans la seule pièce surchauffée par le poêle, nos hôtes disposent un tapis en guise de nappe et nous partageons une soupe de champignon, mentep, avec du pain. Il y a aussi une sorte de navets arrosés au jus de citron : turp.
La maison abrite trois générations : la grand-mère, paralysée, le père Mustapha, sa femme, et leur fils Hassan. Ce dernier fume cigarette sur cigarette.
Nous avons ensuite droit au thé, puis à des pommes que Benjamin épluche avec soin, la grand-mère en est friande. Nous descendons ensuite les tasses de thé, hypnotisés par la télévision qui alterne entre la boxe et la variété turque.
Nous sommes épuisés et allons nous coucher, sous une tonne de couverture (Hassan a peur que nous prenions froid), dans la pièce glaciale d’à côté.
3 mars : Gaziantep
Vers 8h30, nous rangeons nos affaires et n’osant partir tels des voleurs, attendons que la famille se lève.
Vers 9h, Mustapha sort chercher du bois, il semble en souffrance. Hassan nous invite à prendre le petit-déjeuner. Mustapha a le visage tordu par la douleur, nous lui donnons l’amoxicilline de Benjamin (en cas de mal de rate), en essayant d’être très clair sur les doses prescrites : pas plus de trois comprimés par jour.
Benjamin a l’impression que Mustapha fait de l’acidose. Tous semblent être en mauvaise santé : ils n’ont plus de dents (Hassan n’a que 46 ans !), et ils crachent tous leurs poumons. Nous engloutissons œufs et pain grillé au poêle, avant de dire adieu.
Hassan et l’idiot du village nous accompagnent jusqu’à la route de Pozanti. C’est surprenant de tomber sur un véritable idiot, qui imite le cri de tous les animaux…
Hassan nous dit que nous serons toujours bienvenus. Il nous donne son adresse pour lui envoyer les photos. Nous lui donnons vingt liras en dédommagement de notre nourriture et commençons à marcher.
Nous sommes dépassés par un carrousel de camions dont aucun ne s’arrête : ils ne vont qu’à la carrière de pierres toute proche. La première voiture s’arrête tout de suite. Ahmet et son ami vont jusqu’à Adana, dans une vieille Renault essence 377 000 kilomètres au compteur…
Nous nous arrêtons boire le thé et sommes l’attraction du village. Tous les commerçants s’agglutinent autour de notre table, on se croirait en Inde.
Ahmet nous confie nous avoir pris pour des adolescents turcs, avant de s’arrêter en reconnaissant des touristes. Les touristes occidentaux ont la cote en Turquie. Nous continuons notre route vers Adana, la voiture a beaucoup de mal à monter les pentes, même en 3ème bloqué à 50 km/h. Nous nous arrêtons pour un autre thé dans un resto et Benjamin se laisse tenter par un kebap assez quelconque.
À la sortie pour Adana, nous nous arrêtons sur le bas côté de l’autoroute, petite photo souvenir, et nos deux conducteurs repartent.
Nous sommes très dangereusement placés et nous décidons de redescendre la bretelle pour lever le pouce à son origine. Après à peine 3 minutes, une Ford s’arrête. Dedans, deux mecs stylés, Ray Ban, et peau bronzé. Ils insistent : ils ne sont pas turcs, mais kurdes, du Kurdistan, et rentrent chez eux à Mardin. Ils s’arrêtent en plein milieu de l’autoroute pour changer de conducteur. L’endroit est tellement incongru que nous avons même à un instant peur. Hüseyin est chirurgien esthétique et nous déroule son book sur Instagram.
Les deux zigotos sont complètement accros aux réseaux sociaux et filment n’importe quoi pour le diffuser en direct sur Facebook. Nous sommes les vedettes de plusieurs appels FaceTime. Hüseyin roule ensuite un énorme pétard, appelle tous ses amis et se filme tirant de longues bouffées avec Benjamin, qui se brûle les poumons. L’ambiance est détendue.
Le jeune conduit comme un fou, à 160 km/h de moyenne avec des pointes à 210 km/h… Nous apprenons que le cimetière parisien du Père Lachaise à recueilli les tombes de deux figures culturelles de l’indépendantisme kurde : Ahmet Kaya et Yilmaz Güney (aussi appelé Yilmaz South car güney veut dire « du sud » en turc). Ils avaient fui à Paris les persécutions judiciaires du régime turque.
Nos hommes nous déposent en centre-ville vers 17h, le temps est abominable, qui rend l’abord de toute ville inconnue déprimant. Nous entrons dans une boutique de fruits secs dont le propriétaire nous laisse accéder à internet pour prévenir Kemal, notre couchsurfer, de notre arrivée. Le propriétaire nous offre à son tour le thé, et nous lui achetons de délicieux abricots secs de qualité supérieure.
Suivant les instructions de nos hôtes du soir, nous allons chercher notre bus sur la place de la démocratie. Nous suscitons beaucoup de curiosité, et parlons avec à Ali, Arkam, et Alp, qui a un bon niveau d’anglais. Kemal nous récupère à l’arrêt de bus de la faculté de médecine. Lui et son ami Berk sont étudiants en cinquième année. La petite amie de Berk, elle aussi étudiante en médecine, nous rejoint chez Berk.
Ils écoutent nos histoires de voyages en auto-stop, ce mode de transport ne semble pas fonctionner en Turquie pour les turcs… Nous demandons si nous sommes au Kurdistan. Réponse de Kemal : le Kurdistan n’existe pas… À 20h, nous allons manger un vrai kebap, de Gaziantep, les meilleurs. C’est vrai que celui acheté au bord de la route le midi même fait pâle figure à côté. Benjamin goûte le ayran, une boisson au yoghourt un peu aigre coupée à l’eau salée. Déjà rencontré en Inde et pas terrible.
Berk nous installe notre petit lit douillet, et comme d’habitude Charlotte s’excuse de déranger. Demain, nous avons une journée visite chargée avant de filer vers Şanlıurfa en stop.