Notre première Great Walk sur l’île du Sud, en freedom camp. Nous enchainons avec une croisière sur le fjord Milford Sound.
19 avril : Glenorchy, via Kawarau
Avant de nous diriger vers Glenorchy et le début de notre randonnée, nous voulons aller voir un autre lieu de tournage du Seigneur des Anneaux qui n’est pas très loin de notre Airbnb.
Nous avons un peu de mal à nous faire prendre en stop et attendons plus longtemps que d’habitude. Nous avons même le temps de renseigner un groupe de cyclistes voulant faire le tour du lac Hayes ; ils proposent de nous prendre au retour dans la voiture si nous sommes toujours là.
Finalement nous montons dans la voiture de Peter, qui est accompagné d’un jeune italien travaillant pour lui en Working holiday visa. Peter gère plusieurs vignobles et s’occupe de faire le vin pour les propriétaires. Il a besoin d’un coup de main pour accrocher une grosse remorque à son 4×4 avant de nous déposer au pont suspendu de la gorge de Kawarau. Nous l’aidons volontiers.
Avant de nous déposer, il nous offre une bouteille de sa réserve perso, un pinot noir rosé. Nous avons hâte de l’ouvrir pour comparer avec le rosé d’Alsace. Nous le remercions chaleureusement et allons voir le fameux pont.
Il est utilisé pour le saut à l’élastique (bungee jumping). Le spectacle est assez grotesque mais la vue sur la rivière Kawarau tout de même magnifique. Nous peinons à reconnaître la rivière Anduin car dans le Seigneur des Anneaux, l’Argonath (les deux statues géantes des rois Isildur et Anarion) a été ajouté en post-production.
Nous déjeunons puis revenons vers Queenstown dans la voiture d’un architecte. Nous faisons quelques courses et achetons une carte du Routeburn Track.
Nos emplettes terminées, nous trouvons un couple espano-finlandais qui nous emmènent dans son van. Ils rangent tout pour nous faire de la place, ce qui est vraiment sympa ! L’entraide entre voyageurs au long cours !
Ils nous arrêtent à un camping, mais comme il nous reste une bonne heure de jour nous tentons de rejoindre le Sylvan campsite, le plus proche campement du départ du Routeburn Track. Par chance un jeune couple habitant à Kinloch nous avance jusqu’à notre jonction. Il nous reste à peine quatre kilomètres à parcourir sur une petite route de gravier.
Une famille d’américains sur les traces d’Isengar (encore le Seigneur des Anneaux), finit de nous conduire. Nous pourrons donc commencer la randonnée demain, le stop est décidément très efficace ici !
Charlotte nous prépare un petit festin puis nous payons notre emplacement de camping et accrochons le ticket bien en évidence sur notre tente. Ce qui n’empêche pas le warden peu scrupuleux de nous réveiller à 21h00 (donc pendant notre phase de sommeil profond) pour nous réclamer notre paiement…
20 – 22 avril : Routeburn Track et Milford Sound
Nous partons tôt le lendemain matin et parcourons les quatres kilomètres jusqu’au début de la rando. Quelques voitures nous dépassent sans s’arrêter pour nous.
Au Routeburn shelter, nous réussissons à donner notre sac de déchets à un couple qui ne fait qu’une petite excursion.
En Nouvelle-Zélande, il n’y a pas de container à ordures en dehors des grandes villes, il faut donc transporter ses déchets.
Nous voyons un groupe de trekkeurs suréquipés faire des étirements digne d’une préparation à une course aux JO, et Charlotte s’inquiète de la difficulté de la randonnée.
La première partie traverse une forêt assez dense, puis longe la rivière Route Burn. C’est aux environs du premier campement de Routeburn Flat que le paysage change et devient remarquable. De grandes étendues d’herbes hautes, une rivière le tout entouré de montagnes, C’est vraiment très beau.
Nous nous y arrêtons manger une pomme et quelques fruits secs.
Nous savons qu’il est facile de camper librement dans les environs mais nous avons seulement marché deux heures et nous souhaiterions continuer pour éviter une trop grosse journée le lendemain. Sur la carte nous repérons un espace qui semble plat et suffisamment éloigné du chemin principal.
Pour avoir le droit de camper librement (freedom camping) en Nouvelle-Zélande, il faut se trouver à plus de 500m d’une route ou d’une Great Walk, et que ce ne soit pas expressément interdit.
Cette partie de la route est plus abrupte et traverse une forêt dense, puis on surplombe Routeburn Flat.
Nous guettons le terrain à la recherche d’un aplanissement mais nous arrivons bredouilles à la hutte suivante de Routeburn Falls. Ce que nous avions repéré sur notre carte est en fait totalement inaccessible.
Nous hésitons entre rebrousser chemin ou continuer un peu plus en avant. Charlotte est un peu paniquée par la situation, mais il est encore tôt et Benjamin ne veut pas aller s’entasser avec les randonneurs pour la modique somme de 54 dollars par personne. Il propose de marcher encore une trentaine de minutes avant de redescendre Routeburn Flat si aucun endroit n’est convenable.
Peu après une cascade, nous croisons un couple de québécois qui nous indique que le paysage change et se transforme en prairie d’altitude… C’est une bonne nouvelle.
Effectivement, une prairie alpine se dessine et nous décidons de nous écarter du chemin pour chercher un endroit plat et sec. Pas si facile que ça, mais à l’abri d’une colline nous trouvons le spot parfait. D’après le GPS, nous ne sommes qu’à 380 mètres du chemin principal, donc officiellement hors la loi… Mais personne ne viendra nous chercher ici, car nous sommes bien cachés. Nous décidons de manger en attendant le coucher de soleil pour planter la tente. Le rosé de Peter transvasé par Benjamin dans une de ses gourdes nous réchauffe.
Départ aux aurores, après une nuit de sommeil agitée (surtout pour Charlotte qui n’a pas fermé l’œil). Le soleil se lève avec nous.
Nous saluons les randonneurs encore plus matinaux que nous.
Nous nous élevons progressivement au dessus de la vallée, et profitons d’une vue magnifique sur les montagnes et les lacs alentours. La végétation est très différente de ce que l’on peut voir en Europe.
Le froid augmente au fur et à mesure que nous nous approchons du point le plus haut de la rando : Harry’s Saddle. Quelques courageux grimpent sur Tarahaka Whakatipule, le sommet à proximité. Avec le brouillard, nous ne verrons rien et décidons donc de petit-déjeuner dans le refuge. Nous sommes rejoints par une mère et sa fille américaines dont le rythme de croisière nous impressionne… Nous les avions rencontrées l’avant veille au Sylvan campsite, laissées à la première hutte de Routeburn Flat hier et sommes partis aux aurores… Être rattrapés ainsi nous laisse cois.
La descente sur Hollyford Face est plus commune, jusqu’à arriver dans une forêt mousseuse à l’atmosphère magique. Benjamin s’inquiète de ne pas savoir dire bonjour en entish, nous ne serions pas surpris de croiser un Ent.
C’est un gardien bien humain que nous croisons, et qui, apprenant que nous n’avons pas réservé notre place dans sa hutte, nous rappelle cordialement qu’il est interdit de freedom camper ici mais qu’un bel emplacement gratuit existe à trois heures de marche (Benjamin hésite à lui faire remarquer que camper sur un emplacement désigné, ce n’est plus du freedom camping, mais il se ravise).
Nous faisons une pause à la hutte du lac Mackenzie de presque une heure, Benjamin va voir les environs et revient agréablement surpris du campsite, dont les emplacements sont séparés et joliment agencés.
Nous reprenons la trace, désormais plus classique, et passons quelques belles cascades avant d’apercevoir, enfin la hutte du lac Howden.
Nous arrivons épuisés au camping de Greenstone Saddle, situé à 20 minutes au Sud de la hutte. L’étendue qui nous est offerte est magnifique. Ce plein d’espace nous permet de passer une nuit très agréable à l’écart.
Le lendemain matin, nous ne nous pressons pas trop, il ne nous reste une petite heure de marche seulement jusqu’à The Divide.
Nous revenons à la hutte Howden pour prendre notre petit déjeuner et nous débarbouiller. La warden fait remarquer à Charlotte que les facilities sont normalement réservées aux hôtes. Nous sommes un peu décontenancés… ne vaut il pas mieux préserver la nature en se brossant les dents dans un lavabo ?
Benjamin fait un petit détour par le Key Summit, Charlotte préfère bouquiner en l’attendant. Le Key Summit a une flore très particulière, notamment des plantes d’altiplateau native de Nouvelle-Zélande et néanmoins phylogénétiquement très jeunes, résultat d’une spéciation récente à partir de plantes de basse altitude.
Arrivés au parking, il ne nous reste plus qu’à trouver une voiture pour nous emmener à Milford Sound.
Nous apercevons avec dépit deux autostoppeurs déjà en quête d’une voiture. En Nouvelle-Zélande, la concurrence en stop est parfois rude. Il va falloir ruser, nous abordons les randonneurs directement sur le parking et tombons sur un couple de Néo-Zélandais qui a réservé une croisière sur le fjord de Milford Sound et nous propose de nous emmener. Nous sautons sur l’occasion. Jane et Jake ont beaucoup bourlingué durant leur vie, ils ont aussi vécu plusieurs années à Londres puis en Suisse avant de revenir développer un vignoble… Nous échangeons sur nos expériences de voyage mais aussi sur les choix de vie. Nous sommes vraiment surpris par cette facilité à changer totalement de carrière, la plupart des Néo-zélandais que nous avons rencontré ayant vécu plusieurs vies.
Nous pensions dormir à Milford Sound mais il ne s’agit de rien d’autre que d’une ville dortoir pour touristes. Nous achetons deux billets en promo pour la même croisière que Jane et Jake et embarquons sur un énorme ferry.
Il est à moitié vide, ce qui rend le voyage très agréable. Nous voguons sur le fjord, et nous approchons parfois des cascades. L’une d’elle est plus haute que les chutes du Niagara !
La traversée de deux heures environ est très agréable et le ciel relativement dégagé, une vraie chance. Les explications du pilote sont sommaires, mais le plaisir est pour les yeux davantage que pour l’esprit. Le beau-fils de Jane et Jake travaille pour la compagnie et leur à fait préparer deux paniers repas, qu’ils partagent avec nous.
Ils nous offrent de nous ramener à Te Anau, une ville un peu plus au sud,et passage obligé pour rejoindre Queenstown. Nous acceptons avec plaisir de poursuivre cette journée en leur excellente compagnie.
Nous nous arrêtons au Cascade Creek campsite.
À Te Anau, nous nous posons enfin dans un restaurant, où nous sommes contents de boire une bonne bière et manger un plat copieux. Nous réservons une chambre dans un motel au bord du lac.
La douche chaude et la lessive sont les bienvenues, nous sommes heureux de retrouver figure humaine et une odeur de propre.