Un trek au cœur du Yunnan.
Départ de l’hôtel à 7h30 pour rejoindre la gare routière de Lijiang. Nous prenons le bus de 8h40 qui nous emmène à Quiaotou (le bus direct de 8h30, plus petit, étant plein), point de départ de la randonnée.
A peine arrivés (aux alentours de 10h40), nous sommes sommés de descendre du bus afin d’acheter nos tickets au tourist information center pour la randonnée (65¥/personne). Impossible de passer inaperçus avec nos têtes blondes et nos sacs à dos.
La randonnée commence avec de la route… Il faut la longer jusqu’à l’école, suivie du panneau (immanquable) qui indique la biffurcation. De là nous continuons à monter sur du bitume.
Nous espérons très fort que l’ensemble du trajet ne sera pas à l’image de cette première portion assez décevante.
Le trajet est très bien balisé et après une heure environ nous arrivons au premier chemin de terre.
Avant d’entamer une montée qui s’annonce difficile, nous nous arrêtons manger dans la dernière maison. Riz sauté pour tout le monde et pomme.
S’ensuit alors une grimpette assez pénible en plein cagnard, avec comme bande-son la cloche de la mule qui nous suit, son maître espérant que le poids de nos sacs à dos lui donne du boulot… Finalement à force de grands gestes, nous lui faisons comprendre que c’est à la vie à la mort avec nos sacs, et qu’il peut redescendre.
Il mettra un certain temps avant de s’y résigner…
Une petite descente nous amène vers la Naxi Guesthouse – l’arrêt pour les petits joueurs qui font la randonnée en trois jours. Nous nous faisons dépasser par des touristes chinois suréquipés à dos de mule, vision un peu ridicule.
Une nouvelle ascension commence et brûle rapidement toutes nos réserves d’énergie. Le dénivelé est très important et la chaleur accablante. Nous sommes doublés par un groupe de chinois sur mules et rencontrons Lise, une Américaine qui parcourt les gorges pour la seconde fois.
Une maison en dur permet de reprendre son souffle avant la suite : c’est le moment des fameux 28 lacets, qui font tant parler d’eux. À notre avis, ce n’est pas du tout le plus dur, la montée précédente étant vraiment difficile. Sur le chemin, quelques moments délicats tout de même, mais rien d’impossible. Même pour une Charlotte quadrupède exténuée.
Arrivés en haut, un point de vue sur les gorges (payant ! – encore ! 10¥ la photo, ou comment être pris pour un pigeon). Tant pis, nous nous abstiendrons de prendre des photos depuis le point de vue et nous contenterons de la vue depuis le chemin.
Il nous aura fallu presque quatre heures pour faire cette première partie de la randonnée, annoncée en à peine trois !
La descente jusqu’à la Tea Horse Guesthouse nous en demandera encore deux. Sur le chemin nous essayons de repérer des endroits où planter la tente. Nous venons de nous apercevoir qu’il nous reste très peu d’argent et que les villages que nous traversons ne sont pas équipés en ATM pour les touristes peu prévoyants que nous sommes… Cependant le coin est dépourvu d’endroits plats, abrités et nous entamons notre budget pour dormir au chaud.
Nous passons une soirée très agréable avec Lise, Tom (un canadien hémiplégique qui parcourt la Chine à moto depuis 5 mois), et Constance et Gilles, un couple de français de la Réunion fraîchement débarqués de Hong-Kong. Nous partageons plusieurs plats à la chinoise.
Le lendemain matin nous partons tôt car il nous reste au bas mot, quatre heures de marche jusque chez Tina’s Guesthouse, point de départ de la descente au cœur des gorges.
Cette partie du chemin est plus facile mais aussi beaucoup plus joli ! Il y a moins de dénivelé et la vue sur les gorges est dégagée.
Nous traversons encore quelques villages perdus au milieu des montagnes mais tous pourvus de nombreuses guesthouses.
Nous longeons deux chutes d’eau avant la dernière descente, et arrivons vers 12h20 chez Tina’s.
Nous déjeunons sur le roof top donnant sur les gorges.
Nous essayons de prendre des informations sur la descente au cœur des Gorges du Saut du Tigre et sur la possibilité de continuer la randonnée jusqu’à Walnut Garden puis Haba. Comme dit par Brice, la propriétaire de Tina’s est juste pas sympathique du tout !
Évidemment pour descendre il faut encore payer, le ticket acheté à l’entrée ne servant à rien ici. L’argent soutient paraît-il à soutenir les villageois dans l’entretien des chemins… A notre avis, c’est surtout un excellent moyen de gagner de l’argent en ne faisant rien. Selon l’itinéraire choisi (deux sentiers ou une échelle), le prix varie entre 10 et 20¥ par personne ! Nous sommes bien embêtés avec notre budget ric-rac… Finalement nous choisirons de descendre un peu plus loin sur un sentier à 5¥ non gardé…
La vue n’a aucun intérêt, et autant que l’on puisse en juger, les gorges non plus… En remontant, le fermier sera très en colère de notre resquille.
Pour éviter de payer une autre famille pour emprunter le chemin jusqu’à Walnut Garden, petit village à trois kilomètres de chez Tina’s, nous empruntons la route (très peu fréquentée).
En arrivant, nous nous mettons en quête d’un endroit où planter la tente. Chez Tibet Guesthouse, on nous propose le pont mais il est en bois, ça risque d’être compliqué… Nous avions remarqué en contre-bas des terrasses arborées qui pourraient parfaitement nous accueillir et allons donc sonner chez les paysans. Le concept de camping n’est pas très répandu en Chine, heureusement nous avons notre Gépalémo pour l’expliquer. Après deux refus nous tombons sur une grand-mère qui ne trouve pas la force de nous dire non. Nous lui expliquons ne pas avoir d’argent pour la guesthouse et elle finit par accepter.
Après un plantage de tente ultra efficace, nous retournons nous restaurer dans le village. Nous allons naturellement à la Tibet GH, et retrouvons Tom ! Il a laissé sa moto vers Quiaotou, et il repart demain pour continuer son chemin. Après un repas basique mais goûteux, nous entamons la conversation avec Tanzin, un guide tibétain (donc parlant anglais). Il déplore le durcissement de la politique des autorités chinoises concernant le Tibet. Apparemment, l’obtention des fameux alien permit est devenu un casse-tête dernièrement. Nous avons nous même renoncé à passer par le Tibet devant l’incertitude quant à l’état de la frontière terrestre tibéto-népalaise. Selon lui, elle est maintenant rouverte, mais nous avons eu des informations contradictoires.
Nous lui faisons part de l’envie d’aller jusqu’à Haba à pied et lui demandons quelques conseils. La réponse est assez catégorique : le chemin à travers la montagne est facile au début puis les pistes se multiplient et seul un guide peut nous faire traverser. À son avis il vaut mieux prendre la route, qui est panoramique aussi, quoique plus longue. Il nous conseille une guesthouse à Haba qui acceptera notre tente.
La nuit est moins tranquille que prévue car nous sommes trop proche du cour d’eau, assourdissant.
Le lendemain, nous suivons la route vers Haba, qui offre un beau panorama.
Pour gagner quelques mètres, nous coupons à travers champs le long des rigoles d’eau.
L’entreprise devient très vite ennuyeuse et fatigante, et nous nous voyons mal continuer ainsi 30 kilomètres. Nous arrêtons la première voiture qui passe et finissons en auto-stop jusqu’à Haba. Nous dépensons nos derniers billets pour une délicieuse soupe de nouilles dans la guesthouse conseillées par Tanzin.
Il y a aussi un néo-zélandais et sa femme chinoise ainsi que leur fille. Ils possèdent une galerie et un atelier photo à Dali et aiment rayonner à moto dans la région, à la recherche du cliché rare (à l’argentique).
Le village est minuscule. Quelques agences proposant des excursions alpines dans les montagnes environnantes sont fermées.
Le lendemain, nous embarquons dans un minibus pour Shangri-La.