Une quinzaine bien remplie au Népal. Après un magnifique trek dans la vallée du Langtang, nous faisons le grand écart avec un mini-safari dans la région du Terraï. Nous reviendrons au Népal.
14 novembre :
Chengdu. La réceptionniste de notre hôtel fait sonner le téléphone de notre chambre à 5h30, de peur que nous ne soyons pas réveillés à 6h, heure du départ fixée la veille.
Lorsque nous descendons, la navette est prête à partir. Il ne manque plus que nous. Nous n’avons pas pu nous enregistrer sur le site internet de Sichuan Airlines, Charlotte arrive donc un peu anxieuse.
L’enregistrement se passe sans encombre. Petite subtilité, nous n’avons pas besoin de faire les contrôles de sécurité et d’immigration habituels, qui auront lieu lors de notre escale à Lhassa. En guise de salle d’embarquement nous nous retrouvons dans un poulailler. En face de nous un groupe de moines tibétains attend sagement notre départ.
Dès notre installation dans l’avion, nous nous apercevons que notre compagne de voyage va nous casser les pieds. Elle ne nous laisse même pas le temps de ranger notre sac dans le compartiment supérieur, il faut que nous la laissions immédiatement s’asseoir…
L’avion décolle, le Benjamin flippe sans raison. Le vrai problème survient après une heure de vol, lorsqu’une mamie tibétaine fait un malaise. Pas de médecin à bord, nous entamons illico un demi-tour afin de réatterrir de toute urgence à Chengdu.
Alors que les pauvres hôtesses sont rassemblées autour de la malade pour lui prodiguer les premiers secours, notre voisine s’indigne de ne pas être promptement débarrassée de son plateau.
Une équipe médicale nous attend à Chengdu et notre mamie est évacuée, apparemment dans un état stable. Après ce petit contre-temps de deux heures, nous pouvons enfin repartir vers Lhassa.
C’est dans cet aéroport que nous devrons passer tous les contrôles d’immigration. Nos sacs laissés dans l’avion ont été débarqués, heureusement nous nous en rendons compte. La salle d’attente de Lhassa est à peine plus confortable que celle de Chengdu et nous avons hâte d’arriver au Népal.
De l’avion nous pouvons voir les hautes montagnes qui se détachent dans le ciel. Nous ne sommes pas du bon côté mais la vue est tout de même spectaculaire. Il faut dire que le Népal cumule 5 des 8 plus hauts sommets du monde !
Changement radical d’ambiance, à notre arrivée à Katmandou, l’aéroport ne fait pas du tout penser à celui d’une capitale… Il faut encore nous prêter au jeu des « formalités », ou plutôt de la taxe touristique (appelée ici visa).
À la sortie de l’avion, prendre comme nous rapidement les formulaires papiers mais les remplir plus tard, pour privilégier l’accès à une borne et obtenir le plus rapidement possible le ticket permettant de s’acquiter du visa.
Attention, il n’y a pas de distributeurs à cet endroit mais seulement un bureau de change, le comptoir pour les visas n’accepte pas la carte bancaire, il faut donc arriver avec de quoi le payer ! Nous nous retrouvons à vider nos poches (nous payons moitié en yuans et moitié en euros…).
Assaillis par les taxis, nous rerentrons rapidement dans l’aéroport pour prendre un taxi prépayé (700 Npr). Plus cher que les courses au marché noir (400 Npr), il a l’avantage de nous déposer exactement à l’endroit voulu, et pas dans un établissement de sa connaissance. Malgré cette précaution, nous n’échappons pas au guide francophone qui monte dans la voiture et essaye de nous vendre un tour (et qui nous explique sans rire que l’on se perd facilement sur le circuit des Annapurnas…).
Arrivés à l’hôtel, nous découvrons avec surprise que nous avons été sur classés dans une suite familiale. C’est royal.
Dans la chambre d’à côté, un couple provisoire de voyageurs (leurs emplois du temps ne coincident que le temps du Népal) nous encourage à changer nos plans et faire le trek de la vallée de Langtang, plutôt que celui des Annapurnas.
Nous hésitons un peu car nous sommes venus spécialement pour cela, mais à leur description, nous pensons que Langtang, plus sauvage et moins frequenté nous plaira plus. Et puis, il faut avouer que nous sentons encore les 60 000 marches du mont Emeï dans nos mollets, et que nous avons peur d’être un peu juste en temps pour le trek des Annapurnas, qui peut s’allonger en cas de problème d’acclimatation. Nous prenons la soirée pour y réfléchir.
C’est l’heure de trouver un endroit pour laver nos vêtements encore tous crasseux de la Chine. Nous déambulons dans Thamel et entrons dans la première blanchisserie venue. Le gérant pèse notre sac, nous annonce 8 kilos de vêtements, et nous demande 2 200 Npr (environ 22€) ! Nous explosons de rire et lui expliquons gentillement que même à Paris, personne ne paye 22€ pour faire une lessive. Nous sortons sans même négocier.
Sentant l’arnaque venir, Benjamin retourne rapidement à l’hôtel demander les prix pratiqués. A Katmandou la lessive dans un délai de 24h tourne autour de 100 Npr le kilo (compter le double pour une lessive express en 3h). Avec cette nouvelle information essentielle nous faisons une deuxième tentative. Plus honnête, on ne nous demande plus que 700 Npr pour 4 kilos (le poids de nos vêtements a miraculeusement diminué de moitié !). Pour son hônneté sur le poids, l’homme nous demande 300 Npr de plus que le prix normal… Nous négocions une lessive à prix népalais si nous achetons notre carte sim chez lui (500 Npr pour une heure de communication).
Ces dures négociations nous ont donné faim, et Benjamin souhaite renouer avec la joie de découper un bon steack avec un couteau. Nous essayons un des nombreux restaurants pour occidentaux de Thamel, nous réservant le privilège de goûter la nourriture népalaise sur le trek.
Le soir nous sommes rejoints par nos amis tourdumondistes italiens, rencontrés en Russie et qui ont traversé les mêmes pays que nous. C’est l’occasion d’échanger de vive voix, autour d’une bière, sur nos expériences en Mongolie, qui nous ont tous les quatres particulièrement marqués !
Ils nous apprennent que le visa indien est particulièrement fastidieux à obtenir depuis le Népal si l’on souhaite traverser la frontière à pieds. Il faut se rendre une première fois à l’ambassade avec tous les documents remplis et imprimés, puis revenir 5 jours après avec son passeport et enfin une troisième fois pour le récupérer avec son précieux tampon…
Sur ces infos, nous décidons de nous lever tôt pour faire des photos d’identité et nous présenter à l’ambassade de l’Inde le lendemain matin.
15 novembre :
Benjamin se lève un peu patraque mais pense se remettre rapidement. Nous cherchons un endroit sur le chemin de l’ambassade, où faire nos photos d’identité.
Nous rentrons dans une échoppe. Dans la pièce minuscule, une tablette est abaissée et un rideau blanc tiré pour le fond. C’est l’heure de passer sous le feu des projecteurs. Le patron sort son Nikon flambant neuf et nous prend chacun notre tour en photo. Il nous fait rapidement imprimer 5 photos chacun. Seule erreur, Benjamin n’est pas Benjamin mais un vieil homme aux cheveux blancs… L’impression est relancée et nous repartons avec nos photos made in Népal.
L’ambassade n’est plus très loin et nous serpentons entre des rues très étroites. Il faut faire attention aux motos qui ne ralentissent pas pour autant. Nous croisons des jeunes gens en uniformes qui sortent de l’école.
En arrivant à l’ambassade, nous sentons que notre entreprise est mal engagée. Il y a beaucoup de monde, notre ticket est un numéro lointain, et nous avons peine à croire que nous passerons avant 3/4h.
Voulons-nous vraiment perdre une journée puis deux puis trois pour un visa ? Benjamin a lu que le e-visa était beaucoup plus facile à obtenir. Il faut par contre se décider à ralier l’Inde en avion. New Delhi n’étant qu’à 1h30 d’avion, contre 2 jours de bus + train, la facilité l’emporte. Nous donnons notre ticket à nos amis italiens qui viennent d’arriver, leur faisant ainsi gagner quelques précieuses places.
Benjamin se sent tout faiblard et nous décidons de rentrer à l’hôtel pour qu’il se repose, afin d’être en forme pour le trek de la vallée du Langtang, pour lequel nous comptons partir demain.
Charlotte ressort pour acheter nos billets de bus pour Syabru Bensi, le village du départ de la randonnée. Il faut se rendre à la « gare routière » du nord de la ville. Pas très à l’aise en négociation elle tente tout de même de se faire conduire là-bas pour 350 Npr. Le chauffeur est très gentil et l’aide même à récupérer ses billets. Il est tout fier de lui annoncer qu’elle a payé le même prix que les népalais (600 Npr/personne).
Il reste encore à trouver une bombonne de gaz pour la randonnée (bien qu’il n’y ait aucun problème pour se restaurer nous préférons avoir la possibilité de manger ce que et où bon nous semble), et quelques en-cas. Thamel est le royaume du trek, tout se trouve très facilement.
La nuit tombée, Benjamin semble avoir repris quelques couleurs et nous ressortons manger. Nous récupérons notre lessive au passage, et rentrons rapidement à l’hôtel préparer nos sacs.
Le lendemain nous devons être à 6h30 à la gare routière pour le début de notre aventure vers Langtang.
16 – 22 novembre :
Émouvant et difficile trek dans la vallée de Langtang.
23 novembre :
Épuisés par nos 5 jours de trek, pas très difficiles en soi mais rendus plus ardus par la faiblesse de nos organismes (Benjamin avec sa bronchite et Charlotte avec son intolérance à la nourriture népalaise et/ou à l’altitude), nous avons choisi un bon hôtel.
C’est donc glandouille le matin, avant de nous décider à sortir.
Nous voudrions partir le lendemain pour le parc national de Chitwan. L’hôtel ne nous est d’aucune aide pour réserver un bus. Après une tentative infructueuse auprès de la compagnie Green Ligne, c’est Mountain Overland qui nous emportera.
Nous avons encore perdu beaucoup de temps avec l’organisation et il est temps d’explorer un peu plus la ville.
Charlotte veut rejoindre Durbar Square, le centre historique.
Nous descendons par Kanti Path, et sommes estomaqués devant le remplissage de certains minibus…
Puis nous bifurquons sur Yogbir Singh Marg, paradis du vêtement népalais. La foule est très dense et nous essayons de ne pas nous perdre. Nous trouvions Thamel déjà très peuplée, mais c’est sans comparaison avec cette partie de la ville, beaucoup moins occidentalisée.
Les rues sont pleines d’échoppes de couteaux, objets religieux, articles de cuisine et de tissus. Charlotte s’émerveille devant tant de couleurs et de matières. Nous nous rapprochons petit à petit des centres d’intérêts de Durbar square. Des temples apparaissent à chaque coin de rue. Nous entrons sans problème dans cette enceinte habituellement payante, car il est déjà tard.
Sur la place, les vendeurs remballent leurs marchandises. C’est l’occasion d’acheter un bol chantant pour l’école. Ces bols, de différentes tailles, émettent un vibrato. Ils sont utilisés pour la méditation, la médecine… Nous achetons un petit exemplaire, avec les yeux de bouddhas, qui sert pour la méditation.
La nuit tombe rapidement. Nous remontons vers Thamel.
Au détour d’une rue, nous croisons Anton, qui était dans notre hôtel à Syabru Bensi au retour de Langtang. Son groupe s’est séparé, et il est seul pour le diner. Nous lui proposons de se joindre à nous.
Nous passons une excellente soirée en compagnie de ce sexagénaire, fraichement retraité de la recherche en géothermie. Dans sa jeunesse il a également pris une année sabatique pour explorer le monde. Il nous raconte ses déboires de voyage et nous prenons plaisir à comparer nos expériences. Il nous parait tellement plus facile de voyager aujourd’hui grâce à la démocratisation des transports et aux outils numériques !
La soirée file, mais nous devons rentrer faire nos sacs. Nous repartons demain pour le Chitwan et son parc naturel.
24 – 26 novembre : Parc national de Chitwan
Safari miniature dans la plaine du Terraï.
27 – 28 novembre : Derniers jours à Katmandou
Le Chitwan nous a beaucoup plu. L’endroit invite vraiment à se détendre et prendre un peu de temps pour buller dans les jardins très tranquille des hôtels.
L’habitude étant vite prise, nous restons tranquillement à l’hôtel pour mettre le blog à jour et tenter de rattraper le retard pris en Chine (pas si facile que ça!).
Nous ne voulons pas partir de Katmandou, sans avoir vu le Monkey Temple. A deux kilomètres à l’Est de Thamel, nous n’avons pas le temps de marcher car nous devons être à l’aéroport vers 12h. Nous sautons dans un taxi, en ayant bien négocié la course auparavant (un rigolo nous proposait 1 200 Npr, alors que la course depuis Thamel ne devrait pas excéder 250 !). Nous grimpons quatre à quatre les marches qui mènent au sommet.
Les singes apparaissent par petite touche au départ, avant de devenir un élément majeur du décor. Ici, nos amis sont très différents de ceux cotoyés sur le Mont Emeï. Bien que visiblement très habitués à la présence humaine, ils ne sont pas agressifs pour autant et laissent les visiteurs tranquilles.
Juste avant le sommet, il faut d’acquitter de 200 Npr par personne, pour les touristes.
Le Swayambhu se dresse majestueusement au centre, avec son dôme doré.
L’endroit est noir de monde, dévots, vendeurs ambulants, touristes et bien sûr des singes !
Benjamin se fait alpaguer par un jeune homme essayant de lui vendre un jeu. Au départ, par simple curiosité nous nous approchons, avant d’entamer une véritable partie de Bagh Chal. Présenté un peu comme un jeu d’échec, nous ne nous débrouillons pas trop mal, grâce à la puissance combinée de nos deux esprits.
Suite à un mouvement débile de Benjamin, la partie se dirige vers un match nul. C’est le bon moment pour partir, le temps ayant filé à toute vitesse. Nous devons expédier le reste de la visite.
Juste avant de redescendre, Charlotte remarque que les nombreuses guirlandes de mantras, sont en train d’être décrochées. Elle demande si elle peut en récupérer une pour son école.
Pas de problème, mais à nous de la décrocher. L’opération n’est pas si facile car elles sont toutes emmelées les unes aux autres. Finalement nous repartons tout fiers avec notre trophé dans les mains.
Nous récupérons nos affaires avant de sauter dans un taxi qui nous emporte à l’aéroport.
Le trajet s’éternise à cause d’une circulation infernale (une constante à Katmandou). Notre chauffeur semble aussi moins dégourdi que ses concitoyens et nous mettons plus de 50 minutes pour rejoindre l’aéroport pourtant situé à peine à une dizaine de kilomètre de Thamel. Nous jouons avec le feu, l’enregistrement clôturant dans moins de quinze minutes.
À l’entrée, le sac de Benjamin est inspecté car notre réchaud s’est fait repéré. Heureusement il n’est pas confisqué et nous nous enregistrons sans encombres.
Benjamin a quand même le temps de changer nos dernières roupies contre quelques malheureux euros. De quoi aborder avec sérénité les files interminables aux distributeurs de billets suite à la démonétisation surprise mise en œuvre quelques jours auparavant par le gouvernement indien.