Notre Noël en Inde, pas des plus mémorables.
23 décembre
Nous arrivons à la gare de Calcutta à 19h avec plus de cinq heures de retard, qui nous laissent maintenant relativement indifférents. Nous avons intégré le fait qu’il ne faut jamais faire de plans dans la journée suivant un trajet en train en Inde.
Ce dernier a été très pénible car les vendeurs ambulants n’ont cessé de défiler et les mendiants particulièrement insistants. C’est vrai que nous arrivons dans le fief de mère Thérésa.
À la sortie de la gare, nous ne sommes pas immédiatement assaillis par les chauffeurs de tuk-tuk, mais par les taxis conduisant les fameuses automobiles indiennes Hindustan Ambassador, qui dominent le marché ici. L’un d’eux essaye de nous vendre une course prépayée à 650 Rps, que nous déclinons pour une course négociée à 200. En entrant dans le taxi nous voyons le meter qui fonctionne, mais le chauffeur reste sourd à notre demande de payer en fonction de ce qu’il indique.
Arrivés à notre destination, c’est donc une longue bataille qui suit entre Benjamin et le chauffeur. Tout le quartier rapplique, chacun ajoutant son grain de sel. La pression augmentant, nous finissons par payer les 200 Rps et pas les 115 indiquées par le compteur, qui est soit-disant « cassé ».
Nous sommes assez impatients de rencontrer notre hôte. Nous avons décidé de sauter le pas et d’expérimenter le coachsurfing pour Noël. Nous voudrions nous retrouver dans une famille dans l’espoir de recréer une ambiance de fête…
Nous sonnons à l’appartement et franchissons le seuil de la porte, grande ouverte. Nous entendons la télé à fond et Benjamin s’aventure en haut des marches pour vérifier que nous sommes au bon endroit. Une veille dame le renvoie sans façon et nous voilà tout penaud sans trop savoir quoi faire. Benjamin part explorer les étages inférieurs et trouve un gentil voisin qui parle anglais et l’emmène dans le magasin tenu par notre hôte.
Il revient accompagné de la fille d’Amar, qui nous montre notre coin. Nous repassons devant la grand-mère qui décidément ne veut pas avoir affaire à nous et reste scotchée à sa télé. La jeune fille est très gentille et nous explique que nous dormons dans sa chambre et qu’elle va donc rejoindre son frère et sa grand mère dans le salon. Nous sommes un peu gênés, mais cela semble être habituel, dès qu’il y a des hôtes.
Elle nous indique une rue animée où nous pourrons diner. Nous sommes affamés car nous n’avons rien mangé depuis la veille ! À cause du retard du train, mais aussi parce que la nourriture vendue à la sauvette ne nous inspirait pas du tout !
Nous marchons donc vers Park street, la rue populaire de Kolkata. Des décorations de Noël ornent les devantures des boutiques et on se croirait presque à Paris, la chaleur en plus.
Nous dinons dans une rue un peu à l’écart, dans un restaurant qui sert une cuisine étonnamment saine : nos plats ne baignent pas dans l’huile ! Nous mangeons une énorme glace pour le dessert, qui achève de remplir nos estomacs.
Le retour chez nos hôtes est assez étrange, nous sommes introduits dans leur chambre à coucher où Amar (le coachsurfer) est occupé à découper sa nouvelle carte sim avec l’aide de son fils. Pas de présentation avec le reste de la famille. Il nous demande nos attentes vis à vis de notre séjour avec lui mais semble détaché de tout. La discussion dévie ensuite sur le mariage occidental qui ne dure pas, puis sur les possibilités d’amplifier les capacités de son cerveau grâce à la méditation…
Il est tard et nous allons nous coucher, sans remarquer que le temple familial est dans un coin de notre chambre (elle même entre la cuisine, le salon et la suite parentale).
24 décembre
Au petit matin nous sommes réveillés par la grand-mère qui s’embourbe les pieds dans nos sacs à dos, en voulant aller prier… Nous sommes vraiment mal à l’aise et avons l’impression de la déranger dans son train-train quotidien. Il est aussi très difficile d’engager la conversation avec la femme d’Amar dont la seule préoccupation semble d’accéder à tous les désirs de son mari.
Il vient justement prendre le petit déjeuner, gentiment préparé par sa femme, sur notre lit. La conversation est encore très bizarre et Charlotte est de plus en plus mal à l’aise. L’expérience qu’elle est en train de vivre est d’autant plus insupportable que Noël est arrivé…
Lors de notre ballade vers le Victoria Memorial, un magnifique bâtiment en marbre blanc, nous prenons donc la décision de ne pas rester chez Amar car nous ne nous y sentons pas bien.
Par chance, un Airbnb contacté quelques jours auparavant est toujours disponible.
Nous expliquons à Amar que nous ne resterons pas chez lui plus longtemps. Il semble assez surpris et consterné. Nous ne sommes pas fiers, mais il est hors de question de rester plus longtemps dans cet environnement.
Nous arrivons chez Tathagata en fin d’après midi et découvrons avec soulagement un hôte chaleureux, attentif et très curieux. Nous nous sentons tout de suite plus à l’aise !
Ce soir c’est le réveillon de Noël et nous décidons d’aller dans un super restaurant pour fêter ça comme il se doit. Sur le chemin nous achetons deux chapeaux rouge de père Noël que nous vissons immédiatement sur nos têtes.
Nous entrons dans un palace qui sert une cuisine thaï très raffinée. Le dessert au chocolat est délicieux et nous rappelle les meilleurs pâtissiers français. Ce repas a un vrai goût de fête !
25 décembre
Le lendemain nous petit-déjeunons avec Tathagata, la conversation est passionnante et s’étire jusqu’à presque 11h ! Comme beaucoup d’indiens, il est très curieux de connaitre nos avis et ressentis sur son pays. Il a acheté des pâtisseries spécialement pour nous. C’est… sucré.
Tathagata habite dans un vieux quartier résidentiel à Kolkota.
Sur ses conseils, nous allons au marché aux animaux qui a lieu tous les dimanches sur Galiff street. Il y a foule pour l’occasion. Nous apercevons des oiseaux en tout genre (perroquets, colombes, perruches), des poissons, des chiots, des coqs, et des fleuristes. D’après notre hôte il s’agit d’un marché non professionnel où tout le monde peut venir vendre ses animaux.
Nous marchons ensuite jusqu’à Batala ferry gath.
Nous voulons rejoindre le sud de Calcutta en bateau.
Après un changement de bateau à Howrah, nous débarquons à Fairlie Gath. Une famille au complet y fait ses ablutions.
Nous passons dans un jardin récréatif assez sommaire.
Puis bifurquons vers Park street car nous avons faim.
Nous avions repéré dans le Lonely le restaurant Super fried chicken, adresse incontournable pour le poulet Tandoori. Effectivement, c’est un délice.
Nous reprenons notre route pour tenter de rejoindre Prinsep Gath pour voir le coucher du soleil, mais sommes trahis par la technologie : notre application nous fait passer par Fort William, un espace réservé aux militaires. Nous devons donc faire un détour de plusieurs kilomètres qui nous assure de rater le couché du soleil. Nous renonçons donc et traversons à la place le parc Maidan pour reprendre le métro. Tous les habitants semblent être de sortie en ce dimanche de fête, mais nous avons peine à comprendre quel plaisir ils peuvent prendre à pique-niquer dans cette décharge à ciel ouvert…
En rentrant nous découvrons que notre avion du lendemain pour Bangkok est plus tard que ce que nous imaginions. Nous avons donc une journée de plus à passer à Kolkata.
26 décembre
Dernier jour en Inde, qui sonne un peu comme une délivrance. Nous sommes épuisés par le bruit, le monde, les tentatives d’arnaques à gogo, et la saleté ambiante.
Le quartier de Shyambazar est parfait pour quelques emplettes. Les poissons sont appétissants mais nous nous contentons de quelques fruits et épices.
Nous prenons le tram antédiluvien de Calcutta pour descendre dans le sud.
Il nous faut envoyer nos cartes postales, une aventure qui se révèle ubuesque.
Dans le premier bureau que nous trouvons, on nous prévient que les cartes mettent environ trois jours de plus pour arriver. Nous ne sommes pas pressés, et sortons un billet de 2000 Rps pour acheter nos timbres. Le guichetier le refuse catégoriquement comme si vous lui tendions des pesos. Il devient même agressif et nous envoie sans cérémonie au GPO (general post office) situé à plusieurs centaines de mètres.
Arrivés au GPO, nous entrons dans un premier hall, avec des boites postales mais pas de timbre. Dans le second, il y a des timbres mais pas la monnaie sur notre billet. On nous envoie finalement au comptoir philatéliste, encore à quelques mètres. Incroyable, ils ont les timbres et la monnaie ! Il faut encore compter un bon quart d’heure pour obtenir nos -superbes- 5 timbres, les guichetiers s’y mettent à trois pour les découper et les coller sur nos cartes… Ensuite ils nous renvoient poster nos cartes dans le second hall, ou nous patientons une bonne dizaine de minutes, regardant des indiens acheter des centaines de timbres… Quand vient notre tour, on nous annonce qu’ils ne prennent pas les cartes et qu’il faut retourner dans le premier hall ! Bref on espère que ceux qui recevront ces cartes les apprécierons !
Nous avons comme objectif de rejoindre Prinsep Gath aujourd’hui ! Nous longeons donc le quartier des affaires et trouvons vers le palais de justice, un stand de street food qui nous fait envie. Il aura fallu attendre 28 jours en Inde pour trouver quelque chose d’alléchant et nous laisser tentés. Nous avons raison, car c’est une excellente surprise à prix tout doux. Les locaux provenant des bureaux alentours affluent pour manger des poori (pain cuit doré dans l’huile) agrémentés de curry.
Tout autour, l’environnement nous rappelle que l’Inde a raté sa révolution numérique.
Sur le chemin du ghat, petit détour par une église à la décoration de noël pour le moins païenne.
Nous rejoignons le fameux gath en longeant la rivière sur les quais.
Prinsep Ghat, « le plus beau lieu de Kolkota », n’a rien de mémorable. Nous passons les quelques instants qu’ils nous restent assis sur un des bancs entourant le monument. Toute la jeunesse indienne pavoise ici.
Sur le chemin du retour, nous sommes témoins d’une dernière bizarrerie indienne : une sorte de temple démontable a été installé en façade d’un immeuble. C’est l’inauguration de quelque chose, nous ne saurons pas quoi.
Il est l’heure de rentrer chercher nos sacs puis de filer à l’aéroport en Ola et nous envoler vers Bangkok, notre escale avant de rejoindre la Birmanie.