Nyepi à Bali, 16 – 29 mars 2017


Nouvel an balinais.

 

Nous entrons dans le port de Pelabuhan d’où part le ferry pour Bali. Nous décidons d’essayer de trouver une voiture allant directement à Denpasar et qui pourra donc nous déposer en chemin à notre hôtel. Cela permet aussi de ne pas payer le ferry piéton puisque le prix par voiture inclut tous ses passagers.

Nous commençons notre opération charme. Un employé une fois informé de notre projet tente de nous aider. C’était sans compter sur un policier à l’allure patibulaire qui tout d’un coup sort de sa cahute. Il se plante devant nous avec un regard méchant et demande très agressivement de quel pays on vient et si on a des sous. Charlotte répond avec son air le plus naïf, qu’on est français mais qu’on n’a pas de sous parce qu’on est des backpackers… Benjamin enchaîne en expliquant notre volonté de voyager avec des gens qui nous font découvrir leur pays. La réponse claque : « sit down ». On s’assoit, attendant de savoir à quelle sauce on va être mangé…

L’homme arrête la première voiture qui arrive, demande à son conducteur de sortir, et contrôle ses papiers… Puis il se tourne vers nous et hurle « communicate ! « . Nous sommes très gênés, et pensons avoir peu de chance d’être pris en stop après cette introduction…  Nous tentons quand même notre chance auprès du gaillard qui a l’air très gentil. Sa voiture est pleine à craquer mais il nous dit qu’il peut nous prendre. Nous sommes sceptiques, mais c’est en fait son ami qui le suit qui nous accueille dans sa berline vide.

Le ferry est quasi-désert, nos chauffeurs achètent et nous offrent des sucreries à la noix de coco.

 

À l’étage, la télévision diffuse des danses et les employés désœuvrés accompagnent la musique. Benjamin engage la conversation avec une fille apprentie dans la marine. Elle est originaire de Bornéo, la ville de Samarinda, sur la côte Est, que nous n’avons pas visitée.

 

La route jusqu’à notre workaway est longue et nous nous arrêtons dans un resto. Les prix sont 30% plus élevé que sur Java. Nous ne voulons pas être encore une fois invités à manger, et il y a un petit moment de flottement lorsque nous mettons un billet sur la table pour payer notre part de l’addition : en Indonésie, partager la note n’est pas dans les mœurs, c’est celui qui invite explicitement qui paie tout.

Nous atteignons finalement Suraberata et nous faisons déposer sur la route conduisant à la plage. Nous avons trouvé du travail dans un hôtel qui nous propose d’étoffer son site web et son offre hôtelière, dans le contexte d’une concurrence féroce et d’un tourisme en perte de vitesse. Nous ne voyions aucune pancarte indiquant l’hôtel depuis la route principale, ce qui est déjà un mauvais point : le voyageur sans réservation aura été happé par une autre enseigne.

Istana Balian est un petit hôtel (seulement trois chambres sur jardins et deux suites sur deux niveaux) situés à quelques centaines de mètres de la plage. Michael le propriétaire, n’est pas présent pour nous accueillir, le personnel nous installe dans le bungalow le plus tranquille, au fond du jardin. Le soir, nous goûtons le plat d’appel du restaurant, le « Aussie Burger The Lot ». Le retour de la gastronomie anglo-saxonne !!

Cette première expérience workaway se révélera fort agréable. En échange de notre travail intellectuel, nous profitons pendant une semaine  d’une chambre tout confort et d’un petit déjeuner copieux. Michael est typiquement australien : toujours positif, ne mettant pas la pression, il nous laisse faire ce que nous voulons. Cela lui a joué des tours : son site web à été mis en place par un professionnel qui, selon nous, a fortement abusé de l’échange en travaillant à moitié contre pension complète pendant deux mois, pour un résultat final même pas fonctionnel. Heureusement, cela n’a pas entamé la confiance de Michael dans le système workaway, et sa générosité est intacte puisqu’il nous a invité à dîner le dernier soir dans son délicieux restaurant.

 

Benjamin peaufine le site web, et Charlotte recrée le menu. Michael, Komang, sa femme balinaise qui tient la boutique, et tout le staff sont d’une incroyable gentillesse, et l’hôtel, malheureusement pour eux, presque désert.

Piscine de nuit

 

Cette atmosphère très laid-back sera même un peu frustrante puisque Michael restera relativement sourd à nos suggestions pour transformer son petit hôtel en véritable « Boutique Hotel ». Nous passons des journées paisibles à travailler, manger, paresser, yogater (Charlotte) et tenter de surfer (Benjamin).

 

Le moment marquant de la semaine sera notre baptême de tortue.

 

Nous relâcherons Wayang, tortue femelle de six mois, sur la plage. Accompagnée par nos prières et après quelques atermoiements pour rejoindre l’océan tout en évitant notre objectif, elle se dirigera d’un pas décidé vers son destin.

 

Nous visitons aussi la ferme où sont élevées les tortues.

 

Nous retrouvons lors d’une journée des amis en vacances à Canggu, à une petite cinquantaine de kilomètres. Le trafic est infernal et même à moto il nous faudra plus d’une heure pour les rejoindre ! Pierre-Yves et Thierry séjournent dans un hôtel magnifique, entièrement pensé par un peintre collectionneur d’antiquités balinaise. L’hôtel est d’un goût exquis et nous passons la journée à profiter du lieu enchanteur.

 

La semaine s’écoule finalement assez vite et si nous voulons voir un peu de Bali nous devons repartir.

 


Nous nous mettons donc en route un matin et tâchons de rejoindre Ubud en stop. Nous sommes particulièrement efficaces et en trois voitures à peine nous sommes au centre de l’île. En chemin nous avons commencé à apercevoir les balinais en tenue de cérémonie qui se préparent pour les festivités à venir. Des camions remplis à ras bord d’habitants tout de blanc vêtus, déboulent dans les rues de l’île.

 

En cherchant un hôtel, nous nous rendons compte de l’explosion des prix à Bali comparé au reste de l’Indonésie. Nous nous enfonçons dans une ruelle et trouvons une chambre petite mais disposant d’une salle de bain extérieure avec baignoire.

Le soir, nous allons dîner dans une crêperie française à quelques pas de notre hôtel. Puis nous louons un scooter pour rayonner depuis Ubud et découvrir un peu le reste de l’île.

 


Nous nous levons tôt car la circulation est dense et même en deux roues il faut du temps pour se déplacer. Petit arrêt par la boulangerie et nous partons pour Pura Penetaran, un temple sur le lac Beratan.

Nous sommes particulièrement chanceux car nous arrivons alors que les habitants de tous les villages alentours viennent célébrer Melasti. Une cérémonie qui a lieu une fois par an et qui a pour objet de nettoyer leur âme.

Le spectacle est très beau à voir car les habitants défilent dans leurs plus beaux atours. Les femmes portent les offrandes sur leur tête ; les hommes portent le udeng, un bandeau arboré lors des fêtes religieuses. Tous sont vêtus du sakut, une jupe portée lors des cérémonies religieuses.

 

Le temple en lui même est réservé aux fervents qui veulent prier en toute tranquillité.

Les familles viennent discuter avec nous et nous expliquent un peu leurs pratiques. Nous ne reconnaissons pas vraiment les dieux indous, et nous comprenons qu’ici ils ne portent pas tous les mêmes noms.

 

Nous nous arrêtons manger un nasi et un mie goreng rapidement en bord de route. Puis direction les terrasses de riz de Jatiluwih, patrimoine mondial de l’Unesco.

Nous coupons par des petits villages dont les habitants se préparent tous au Nyepi, le nouvel an balinais.

 

Arrivés aux terrasses, nous décidons de faire le circuit long (3h de marche), pour nous éloigner un peu des sentiers empruntés par les cars de touristes. C’est le milieu d’après-midi et il n’y a déjà plus beaucoup de monde, surtout que le temps est capricieux.

 

Sans nous en rendre compte nous dévions du chemin principal et nous nous retrouvons en plein milieu des rizières, un peu perdus. Un bon samaritain nous guide et nous indique comment retrouver la bonne route. Mais nous venons de couper une bonne partie du chemin ! Tant pis. Nous continuons.

Nous croisons deux jeunes hommes en train de cueillir des fruits sur un arbre. Le plus agile des deux monte sur l’arbre à la recherche de quelques fruits mûrs que son comparse rattrape. Nous voyant intrigués par leur manège et cet agrume que nous ne connaissons pas, ils nous en cueillent. C’est très acide et pas du tout assez mûr à notre goût bien qu’ils nous assurent que le combawa se mange comme ça ! Renseignements pris, c’est surtout le zeste et les feuilles qui sont utilisés en cuisine.

Au détour d’un tournant Benjamin profite de l’avance de Charlotte pour secouer un papayer et récupérer son gros fruit (plus d’un kilo). Nous atteignons la fin de la promenade et passons acheter du riz rouge pour l’école.

Nous repérons des sources chaudes à quelques kilomètres et nous nous enfonçons dans la campagne balinaise, afin que Benjamin puisse faire trempette.

 

Alors que nous nous apprêtons à repartir, une bonne femme vient nous réclamer le prix du ticket pour l’accès aux sources. Benjamin proteste car ce n’est indiqué nul part. Nous refusons de payer pour Charlotte qui ne s’est même pas baignée. Le ticket est soi-disant obligatoire pour « accéder au site », dont les délimitations sont floues. Nous laissons un groupe d’indonésiens redresseur de tort payer le ticket de Charlotte.

Le chemin pour revenir à l’hôtel a l’air plutôt simple d’après notre GPS mais une route barrée pour travaux nous embarque dans la campagne profonde. Nous rencontrons un groupe de jeune qui tient à nous faire découvrir l’alcool local.

 

Ils veulent absolument que nous fassions demi-tour pour rejoindre Ubud mais nous faisons confiance à notre GPS. Nous filons sur des chemins caillouteux. La traversée de petits villages isolés est magnifique.

Nous arrivons tout de même exténués à Ubud et nous allons goûter le meilleur resto indien de la ville. Les saveurs nous rappelle bien notre voyage en Inde.

 


Le lendemain le temps est contre nous et nous nous mettons en route assez tardivement pour tenter d’échapper à la pluie. Après un arrêt déjeuner, nous allons visiter le temple Tirta Empul. L’eau de ses sources est sacrée et l’on peut s’y baigner vêtu d’un sakut loué à l’entrée.

 

Le garde nous demande si nous souhaitons visiter une plantation de café non loin. Il a fini son travail et nous guide jusqu’aux lieux.

 

Nous découvrons les plants d’Arabica, Robusta, mais aussi de cacao.

Ici on fabrique aussi le café le plus cher du monde, le kopi luwak. Il est très rare car sa production nécessite le concours d’un petit animal, le luwak, une civette asiatique. La nuit, l’animal mange des grains de café qu’il digère puis expulse de son organisme. L’action des sucs gastriques de la bête est censé libérer les arômes du café. Il faut ensuite ramasser ses selles, récupérer les grains, les nettoyer, puis les faire sécher avant de le torréfier.

Après dégustation

 

À la fin de la visite on a droit à une dégustation extensive de cafés et tisanes. Goûter le fameux kopi luwak est payant. On nous dirige ensuite avec insistance vers la boutique au prix gonflés. Le manège est trop grossier et nous quittons les lieux rapidement.

Nous repartons pour aller au village de Tegallalang. Ce soir a lieu un premier défilé d’Ogoh-Ogoh dans le village. Les démons en papier mâché et aux couleurs flamboyantes sont exhibés le plus bruyamment possible dans une fanfare assourdissante (casseroles, marmites, gongs…).

 

La manifestation est censée purifier l’environnement. La foule est dense et Benjamin s’éloigne quelques minutes pour respirer loin du tumulte. Le défilé est impressionnant, les statues sont toutes plus grandes les unes que les autres et les différents banjars (groupes de personnes issues du même quartier) mettent tout leur cœur pour faire le plus de bruit possible.

Quand nous voulons partir, nous réalisons que notre scooter est garé en plein milieu de la procession. Nous patientons un peu puis finissons par réussir à quitter la ville.

Avant de rentrer à l’hôtel nous achetons une pizza à emporter pour ne pas nous coucher le ventre vide.

 


À notre réveil il pleut encore, mais nous voulons profiter de cette dernière matinée avant Nyepi. Nous enfourchons vaillamment notre deux roues et partons visiter le village traditionnel balinais de Penglipuran.

Sur la route, les derniers préparatifs pour les ultimes défilés de ce soir battent leur plein.

 

Le village est désert et nous le parcourons rapidement. Quelques maisons sont ouvertes et nous pouvons entrer et découvrir l’artisanat local.

 

Nous terminons par un petit tour dans la forêt de bambou, avant de rentrer.

 

Nous voulons manger une dernière fois indonésien avant de quitter l’île et c’est sur une terrasse en hauteur que nous prenons notre repas.

Nous tentons de faire les magasins mais ils ferment tous les uns après les autres. Nous réussissons tout de même à nous arrêter manger d’excellentes glaces, avant d’entreprendre de faire quelques courses pour les repas à venir : demain jour de Nyepi, nous devons rester cloîtrés en silence dans notre chambre pour ne pas attirer les démons qui descendent sur terre. Il est normalement interdit d’allumer la lumière ou simplement de faire à manger, mais en tant qu’occidentaux nous avons une dérogation. En revanche, la police religieuse patrouille (elle n’attire pas les démons elles ?) pour raccompagner les touristes s’étant aventurés hors de leur hôtel.

 

Dernier défilé d’Ogoh-Ogoh avant vingt-quatre heures de silence absolu.

 

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