Nous traversons les hauts plateaux des Andes pour rejoindre la Bolivie.
Levés à 7h30, après un café vite avalé, nous attendons l’ouverture du bureau d’immigration. Plusieurs tours guidés prennent leur petit-déjeuner à côté de la douane. Vingt minutes après l’heure officiel, le guichet ouvre. L’officier nous demande notre moyen de transport. On répond « dedo », mais ça ne passe pas, il nous dit de revenir une fois que nous aurons trouvé un véhicule.
Un des guides nous refile à un taxi, qui nous monte au poste-frontière pour 5000 pesos /pers. On ajoute notre nom sur la feuille et on obtient le précieux tampon. C’est le branle-bas de combat, tous les minivans font la course pour se placer dans la queue et attendre l’ouverture du portail. Les camions attendent que tous les taxis soient passés. Chouette, pensons-nous, cela nous laissera le temps de les intercepter à la frontière.
La fébrilité règne au poste-frontière où les touristes sont débarqués des minivans et leurs bagages transférés dans les 4×4 boliviens. Aucun véhicule immatriculé au Chili ne traverse…
Nous obtenons le tampon d’entrée sans aucun problème, c’est presque étonnant. Problème, on nous demande 20 dollars /pers, pour continuer dans un 4×4. Charlotte attendrit un guide qui aimerait bien nous prendre mais malheureusement sa compagnie s’y oppose. Il nous dit que nous ne trouverons pas de trajet gratuit, mais que l’on peut espérer descendre à 10 dollars /pers. en négociant bien auprès d’un chauffeur retournant en Bolivie à vide. Nous refusons une première offre d’un guide à 100 Boliviano /pers., puis rapidement toutes les jeeps sont parties. L’affaire semble mal engagée.
Benjamin discute avec une cycliste qui lui apprend qu’il y a un refuge à 5 km, et un autre à 40 km. Charlotte n’est pas très chaude pour se mettre à marcher vers l’inconnu à 4000 mètres d’altitude. Les douaniers ne sont de toute façon pas d’accord de nous laisser partir à pied, c’est trop dangereux. Ils nous mettent la pression, il faut que nous trouvions un véhicule rapidement sinon ils nous renvoient au Chili à la fermeture de la frontière- dans 30 minutes. Même si techniquement ils n’en ont pas le droit après avoir tamponné notre passeport, nous n’en menons pas large.
Benjamin discute avec Xavier, un chauffeur édenté qui demande lui aussi 100 Bs /pers. Finalement, on se met d’accord sur 70 Bs /pers. Nous embarquons dans la jeep et c’est parti à fond les ballons à travers les montagnes. En approchant de l’entrée de la réserve naturelle, Xavier nous demande si nous avons de quoi payer l’entrée du parc, nous lui disons que non. Il sort la feuille avec le nom des précédents touristes, dont beaucoup sont français. Cela fera l’affaire, il nous dit de nous taire quoi qu’il arrive. Tous les groupes sont déjà passés et il n’y a personne à la guérite, Xavier accélère en exultant. Il longe ensuite Laguna Blanca par sa droite.
Pas encore remis de nos émotions nous ne pensons pas à lui demander de faire le tout petit détour pour pouvoir passer entre Laguna Verde et Laguna Blanca. La route est magnifique, Benjamin regrette de ne pas marcher.
Nous passons en coup de vent devant les pierres de Dali puis nous nous arrêtons un quart d’heure aux sources d’eau chaude devant la Laguna Chalviri.
Après un petit contrôle moteur, nous reprenons la route et Xavier perd un morceau de voiture en route, le marche-pied, qu’il attache au toit.
Son Lexus est pourri, nous espérons qu’il tendra jusqu’à Uyuni… Peu avant Villa Mar, nous prenons une piste direction Nord-Est, la montagne laisse place à la pampa, notre moyenne augmente, malgré une petite avarie moteur. Nous passons plusieurs gués.
Quelques kilomètres après Villa Mar, Xavier s’arrête en disant « no es bueno ». Nous venons de crever, et l’emplacement de la roue de secours est désespérément vide… Nous essayons de déjanter avec l’aide d’un autre 4×4, sans succès.
Le 4×4 repart et Xavier ne voit pas d’autres solutions que marcher jusqu’à la ville la plus proche, à 9 kilomètres…
Il nous dit de rester au chaud dans la voiture, nous donne une orange chacun et se met en route. Voyant qu’il part tel quel, nous l’obligeons tout de même à prendre une bouteille d’eau et une casquette.
Nous patientons dans la voiture en dégustant les restes du resto d’hier emballés, puis l’orange. Nous voyons passer en tout et pour tout quatre voitures dont deux ne prennent même pas la peine de s’arrêter. Décidément l’entraide ici ne semble pas une valeur forte – et quand on compare avec la Mongolie ça nous rend carrément tristes. Les guide et conducteur 4×4 d’un couple de gringos hésitent à nous emmener, ébahis lorsque nous leur expliquons en broken spanish que notre chauffeur est parti chercher une roue de secours…
La nuit tombe et la température avec, nous sommes frigorifiés. Sur le coup des huit heures une paire de phares s’approche petit à petit.
C’est avec soulagement que nous voyons Xavier descendre du tout terrain avec un nouveau pneu. Pas question par contre pour le dépanneur de nous aider. Il repart illico, laissant à Xavier et Benjamin le soin de remonter la roue. Ce qu’ils font avec brio.
Nous reprenons la route -de nuit-, jusqu’à San Cristobal. Dans ce petit village notre chauffeur nous explique tant bien que mal que nous devrons passer la nuit ici, car la station service est fermée et nous n’avons pas assez d’essence pour rejoindre Uyuni.
Nous faisons le tour des hôtels avec lui afin de trouver le mas barato. La ville est flippante, avec des barricades et des feux de joie un peu partout : c’est la Saint Jean ! Après quelques allées et venues nous trouvons une auberge de jeunesse qui fait également karaoké. Benjamin négocie la chambre et la douche avec eau chaude.
Nous dépannons de quelques Bolivianos notre chauffeur, qui n’a plus un rond, pour qu’il puisse se restaurer après sa dure journée, et nous nous donnons rendez-vous le lendemain à 8h.
La chambre est glaciale mais rutilante et après une bonne douche chaude nous nous glissons sous les draps et trouvons sans problème le sommeil malgré la musique techno environnante.
Xavier nous dépose dans le centre de Uyuni le lendemain matin vers 10h. Nous essayons de prendre quelques photos mais les Boliviens disent quasi systématiquement non et nous sommes un peu découragés. Il y aurait pourtant matière à faire des portraits magnifiques !
Nous nous mettons en quête d’un hôtel pas trop cher pour passer au moins une nuit. Nous aimerions – Charlotte – veut vraiment aller voir le désert de sel. À notre connaissance il n’y a pas vraiment d’autres solutions que de prendre un tour, ce qui est difficile à accepter pour Benjamin. Nous trainassons un peu en ville avant de nous chercher de quoi déjeuner. Nous testons une cantine près de la gare routière et nous sommes agréablement surpris par les prix (beaucoup plus abordables qu’au Chili).
Nous allons faire un tour au marché pour tenter d’acheter quelques fruits pour le dessert, mais la plupart des étalages sont fermés ou exclusivement composés de légumes. Nous repartons bredouilles.
Benjamin finit par se dégoter une glace dans un petit magasin, dont la tenancière peut ensuite difficilement nous refuser quelques photos. On en profite.
La ville de Uyuni n’a en elle même pas grand chose à offrir et nous retournons à l’hôtel, essayer d’avancer sur le blog.
Nous ressortons sur le coup des sept heures pour aller voir les agences qui proposent des tours à la journée dans le Uyuni. Nous entrons dans une première qui nous décrit le programme de la journée type. Nous obtenons un bon prix mais voulons tout de même comparer avec les autres offres. L’amplitude des prix est assez impressionnante pour un tour qui ne change que très peu selon l’agence. Nous finissons par comprendre que de toute façon quelque soit l’agence choisie il y a de fortes chances que nous soyons revendus le matin même à une autre. Nous décidons donc de prendre le tour le moins cher (125 Bs /pers) et qu’advienne que pourra.
À quelques pas de l’agence nous entrons dans un hôtel qui abrite la meilleure pizzeria de Uyuni. Nous jetons notre dévolu sur la fameuse pizza au lama épicé, qui nous enchante.
Retour à l’hôtel pour une bonne nuit de sommeil, il y a une énorme fête à quelques pas (on fête toujours Juan) et Benjamin ne ferme pas l’œil.