Nous traversons le lac Titicaca pour passer au Pérou.
Nous allons voir la basilique Notre Dame de Copacabana avant de sortir de la ville. Des véhicules se font baptiser.
Sur le chemin, un vieil homme se montre curieusement affable et intéressé de nous, nous serions nous trompés sur ce peuple ? Ou alors cela annonce la proximité de la frontière…
Nous marchons vingt minutes avant de finalement réussir à être pris en stop par… un péruvien ! Il nous avance pour les cinq derniers kilomètres.
Arrivés à la frontière bolivienne, nous faisons rapidement tamponner notre passeport. Le douanier nous fait remarquer que nous avons inversé nom et prénom et nous demande de faire attention pour le remplissage des papiers côté Pérou.
Nous traversons à pied la frontière et sommes contents de trouver le poste frontière péruvien quasi-vide. On nous donne les papiers à remplir mais un grand groupe de touristes gringos débarque et forme une longue file. L’unique douanier est rapidement débordé et nous devons patienter un long moment avant de pouvoir obtenir notre tampon. On nous demande si soixante jours de visa nous conviennent ; nous avons lu qu’il est possible de négocier trois mois. Ce ne sera pas nécessaire puisque nous avons cette fois une date fixe de départ, pour un rendez-vous à New-York avec nos familles le 28 août.
Avant de sortir, nous reprenons les mêmes habitudes qu’en Bolivie, en séparant les passeports des papiers d’immigration de manière à ne pas avoir besoin de sortir nos passeports en cas de contrôle.
À peine quelques mètres après la frontière nous sommes estomaqués par la différence de mentalités que matérialise la séparation administrative : un groupe de très jeunes enfants nous interpelle en anglais pour nous demander nos noms. Nous sommes heureux de retrouver un contact naturel et chaleureux.
Nous marchons jusqu’au centre du village de Yunguyo où nous échangeons les quelques bolivianos qui nous restent (l’équivalent de cinq petits euros) contre 18 soles.
Nous repérons sur la place une petit cantine dont l’almuerzo est à cinq soles (1,33 euros). On nous avait dit que la nourriture était plus cher au Pérou qu’en Bolivie, cela ne semble pas être le cas. Nous nous attablons parmi les locaux et mangeons notre soupe suivi du plat principal, une milanese de pollo.
Après ce copieux déjeuner, nous sortons de la ville à pied et reprenons le stop. Bien qu’aucune voiture ne s’arrête, les gens que nous croisons sont fort sympathiques et nous saluent.
Après quelques kilomètres un mini-van se gare sur le bas côté, nous lui expliquons que nous n’avons pas d’argent en déclamant la phrase préambule à toute entreprise d’auto-stop en Amérique latine (hors Chili et Argentine où la pratique est instituée), tiengo no plata, este bueno ? Je n’ai pas d’argent, est-ce que c’est bon ? Il nous prend et nous emmène jusqu’à l’intersection avec la route principale.
Ici nous attendons assez peu, avant qu’une voiture légèrement tunée ne s’arrête et nous prenne. Le chauffeur roule comme un fou et plus d’une fois nous prenons un dos d’âne à 80 km/h. Nous arrivons à Puno en un temps record.
Nous remarquons que les autres passagers donnent quelques soles au chauffeur et nous faisons donc de même en puisant deux soles dans notre misérable pécule.
À Puno nous pouvons retirer de l’argent sans frais car il y a une banque partenaire Global Alliance. Malheureusement le distributeur est hors-service. Nous décidons de continuer à vivre sur nos maigres ressources en continuant le stop pour rejoindre Cuzco. (C’était avant d’avoir connaissance de la qualité des routes au Pérou. Ici on ne parle pas en distance, mais en temps de trajet).
Nous grimpons donc tout en haut de la ville et faisons rapidement la connaissance de Christian, un jeune ingénieur télécoms qui nous prend tout de suite dans sa voiture. Après quelques minutes de conversation il nous annonce qu’il part le lendemain matin (très très tôt) pour Cuzco et que si on le souhaite il peut nous y conduire. Il nous propose aussi de nous laisser dormir dans l’une des chambres mise à disposition par sa société aux ingénieurs qui comme lui sillonnent le pays. Nous ne croyons pas à notre chance et acceptons avec plaisir.
Il nous montre notre chambre à Juliaca et emprunte ses clefs à un collègue pour nous en faire un double. Deux heures plus tard il revient bredouille mais nous lui disons que ce n’est pas grave, car nous ne comptons pas vraiment sortir… De toute façon nous n’avons pas d’argent. Benjamin cuisine des pâtes sur le réchaud. Nous nous donnons rendez-vous à 3h le lendemain matin.
Nous sommes chargés de rendre ses clefs à son ami, pour l’instant absent… mais qui lance des cailloux sur notre fenêtre à minuit (on avait fini par s’endormir…) pour qu’on vienne lui ouvrir.
Le réveil sonne à trois heures. Nous faisons nos sacs, mais comme personne ne semble prêt à partir nous nous rendormons. À quatre heures nous entendons une voiture se garer sur le trottoir et reconnaissons Christian qui a troqué sa Golf pour un Toyota Hilux. Nous sommes malheureusement enfermés à l’intérieur et devons aller sonner chez un voisin pour récupérer un jeu de clefs. Les chiens débiles, réveillés par le manège, se mettent à aboyer furieusement. Notre départ n’est pas discret (traduction, notre départ engendre un vacarme assourdissant)…
C’est un collègue de Christian, pas très causant, qui conduit le 4×4. Le trajet jusqu’à Cuzco dure une éternité. La route est néanmoins très belle.
Nous sommes contrôlés à un checkpoint, mais nos papiers d’immigration contentent le policier.
Nous pensions arriver au petit matin mais entre nos multiples arrêts (petit-déjeuner à base de cœur de mouton, pause pipi, coup de fil dans une ville inconnue où Benjamin dépense nos dernières pièces pour acheter quelques bananes…) et la route sinueuse qui serpente entre les montagnes, nous atteignons Cuzco sous les coups de onze heures.
Après trente minutes d’embouteillages infernaux, nous disons au revoir à Christian et cherchons un endroit où manger. L’avenue El Sol est investie par une manifestation de profs en colère (cela semble être une constante transnationale…).
Nous sommes ensuite décontenancés par la multitude de touristes aux abords de la Plaza de armas, et des restaurants très chers destinés à combler leurs attentes. Nous ne sommes plus vraiment habitués à ce genre d’endroit et aimerions simplement manger pour pas cher.
Au détour d’une ruelle nous entrevoyons un petit resto qui propose des almuerzos à six soles, l’endroit déborde de locaux, nous prenons une table. Le déjeuner est ultra-copieux mais surtout délicieux, avec un plat de résistance à base de poisson assez fin (ce qui est plutôt rare dans les cantines).
Requinqués, nous allons nous asseoir dans un café touristique pour prendre une pâtisserie et nous connecter à internet. Qui ne fonctionne pas…
Finalement nous repérons sur notre téléphone quelques hôtels dans nos prix et allons toquer aux portes. Ils sont tous complets. Puis nous croisons Salim, un anglais venu s’installer au Pérou pour fuir son travail… Il nous conseille d’aller voir dans la rue adjacente, « à éviter la nuit ». Pas de problème.
Nous finissons par trouver une chambre sous les toits (il y fait bien chaud) avec salle de bain privée et eau chaude pour 45 soles. Le grand luxe.
Le soir, nous sortons dîner dans l’un des meilleurs resto de Cuzco qui propose des morceaux de viandes andines cuites sur plaque chauffante. Cher, mais on se régale.
L’avantage de se retrouver dans une ville touristique étant la prolifération de resto tous meilleurs les uns que les autres, nous nous mettons rapidement en mode chasseur de goût avancé. Petit-déjeuner dans une boulangerie française, suivi d’un déjeuner dans une crêperie… française (grosse communauté française dans cette ville), et flânerie dans les magasins. Nous entrons aussi dans l’hôtel Monasterio admirer ses cloîtres et jardins magnifiques.
Le soir, nous faisons les courses pour notre randonnée de neuf jours en autonomie jusqu’au Machu Picchu et tentons de trouver une bouteille de gaz à prix correct. Les prix suivent un gradient décroissant dans le sens de l’éloignement de la Plaza de armas, mais cela reste trop cher pour Benjamin qui en dégote deux dont une neuve, en demandant au comptoir d’une auberge de jeunesse. La chance nous sourit.
Nous nous couchons tôt car demain est le jour zéro de notre trek du Choquequirao.